Auparfum

Après le Labo, Estée Lauder met le grapin sur les Editions de Parfums Frédéric Malle !

8 novembre 2014, 17:53, par Opium

Bonjour Aryse, Evaluisa et Qvdp.

Je vais tenter de réagir point par point sans rien omettre même si cela s’annonce difficile.

Aryse, avec "plaisir", les guillemets sont présentement extrêmement importants tant je ne suis pas certain d’être heureux de cette nouvelle (litote) bien qu’il ait fallu la rédiger.
D’ailleurs, Aryse, alors que vous commentiez sous le sujet concernant le rachat de Le Labo, je rédigeais l’actualité ci-concernée. Les grands esprits, toussa... ;-)
D’ailleurs, merci et "Coucou !" à Anne So qui nous a informés très vite hier. [C’était le moment "spéciale dédicace" comme à la télé, maintenant, retour aux programmes... ^^]

Le groupe Estée Lauder, s’il fallait bien passer par un groupe, est la meilleure ou, disons, la "moins pire" option possible. Tout mais pas Procter & Gamble, Unilever, L’Oréal ou LVMH ! Les deux premiers savent faire de la lessive et du yaourt. Le suivant sait faire du shampoing. Le dernier sait faire (en Chine ?) des sacs en cuir majoritairement destinés aujourd’hui aux populations des BRIC dont surtout les chinois férus de mode.
Aucun de ces groupes ne sait, au global, faire de bons et beaux parfums en moyenne. Le dernier, depuis qu’il a racheté Acqua di Parma, semble tout faire pour détruire l’identité olfactive de la marque. Non pas que les produits soient complètement mauvais, juste que tout paraît "benchmarké" à tout va. Que font un oud, un cuir contemporain si proche du Tom Ford, un magnolia musqué, une rose et je ne sais quoi encore, dans une collection dont on nous bassine de son classicisme et son savoir-vivre à l’italienne... ? ! Bah, oui, le oud, c’est italien, comme la sauce bolo, c’est bien connu ! #Hors-Sujet ^^
Guerlain fait exception, certainement car des gens qui ont une vraie culture du parfum, qui s’y connaissent en parfum(s) en somme, travaillent dans le parfum. Pas juste des gens débauchés d’on ne sait où qui appliquent les mêmes schémas sans âme durant dix ans avant de revenir en arrière à grands coups de discours sur l’ADN de la marque. Or, comme on me l’a dit, quand on parle d’ADN d’une marque, c’est qu’elle est devenue (cette marque) illisible. Après tout, on fait passer des tests ADN seulement lorsqu’il y a des problèmes de paternité / légitimité... ;-)
Le seul autre groupe qui peut proposer également des choses souvent correctes bien que plus inégales que Lauder, c’est Coty ; si l’on oublie certaines fragstars, d’autres de meilleure qualité et le suivi attentif et judicieux de certaines marques, se révèlent de plutôt bonne qualité. Mais, Estée Lauder, avec Donna Karan, Tom Ford, Aramis, Marni, Clinique et sa marque propre, annonce de plutôt bons auspices. :-)

Votre anecdote à propos de ce "Bois d’Orage" qui sonne mieux luxe français qu’un "French Lover" aux États-Unis et la mondialisation qui se fait impérative pour beaucoup dont Malle se ressentait aussi avec Outrageous le "fresh and clean" réclamé systématiquement par le marché américain, pour qu’une gamme soit distribuée là-bas, musc blanc si propre qu’il lave plus blanc que blanc et en fait ne va pas vraiment beaucoup plus loin que simplement dépasser l’univers de la lessive.
Selon moi, French Lover, dans sa forme olfactive même, est déjà aussi un parfum de compromis : Aaaaah, cette fichue tenue qu’il faut à tout prix ! (Ce sera notre seul point de divergence, je ne l’aime point trop sur la longueur, lui, avec sa "fraîcheur sport" de déo, mais, un article a été prévu ! En fait, heureux fait du hasard, quatre articles sont en cours de rédaction par mes soins à propos de cette gamme et un autre devrait arriver grâce à Jicky à propos de la nouveauté... #teasing ^^)

Les derniers lancements sont déjà assez "déroutants", pour ne pas dire "décevants". Entre Dries Van Noten, le gourmand honteux qui ne s’assume pas et ne veut pas révéler son identité gourmande et la toute récente Eau de Magnolia qui, si elle offre un bel envol et un chœur floral assez intéressant, s’achève dans une fête aux bois ambrés qu’un parfum "Sport" de vestiaires masculins type Yves Saint Laurent ou Paco Rabanne ne renieraient pas, il y avait déjà franche décélération. Donc, la qualité n’aura pas attendu le rachat pour subir ses premiers assauts.

Aryse, merci d’avoir crevé l’abcès à propos de la politique d’échantillonnage. Je vais me permettre, puisque vous abordez ce point, de préciser un élément de connaissance qui pourrait être utile à certain(e)s. Les échantillons, devenus des miniatures de quelques ml aujourd’hui, sont inventoriés, au même titre que les produits de vente, toutes les semaines. Si quelqu’un n’obtient pas un échantillon, ce n’est pas pour un délit de sale gueule, mais car il faut rendre compte de ce qui motive la distribution de cette denrée auprès de la hiérarchie (pour un échantillon, oui, oui !). J’ai vu des collègues se justifier devant moi pour avoir distribué un échantillon de manière un peu souple en espérant une vente ultérieure sachant qu’il faudrait le justifier. Et, un échantillon en trop en stock est autant un problème qu’un en moins.
Ubuesque, et pourtant vrai.
Que les échantillons soient payants, pourquoi pas, c’est un outil qui a un coût, d’autant plus lourd que la société est petite. Donc, le faire payer, pourquoi pas. Mais, comme vous le soulignez Aryse, quand on est en boutique, refuser un échantillon met dans une position très délicate les personnes dévolues au conseil. Et, après tout, j’ai envie d’ajouter que quand on a fait le choix d’avoir des boutiques en nom propre, on doit avoir fait une projection suffisamment soutenable dans le temps pour prévoir quelques fiolettes à donner aux clients afin d’accompagner meubles et murs luxueux. :-)
Et, si je suis pour re-qualifier l’objet parfum, pas en glissant dix échantillons au hasard, sans aucune jugeote, parmi tout et n’importe quoi, entre crèmes cosméto et que sais-je encore, en revanche, la qualification du parfum ne doit jamais se faire par la disqualification de l’humain, en l’occurrence, le potentiel client ici. :-)

Ce qui est étonnant, c’est que les bruits de couloir, internes à la marque, parlaient de développement dans la durée, etc.
Ce qu’il en ressort, c’est qu’il ne faut pas trop écouter les gens quand ils parlent car, d’une part, ils peuvent changer d’avis, c’est bien leur droit, et, d’autre part, ils peuvent ne pas maîtriser tous les paramètres de ce dont ils discutent ou, tout bêtement, il peuvent sciemment faire le choix de mentir.
Madonna expliquait ainsi qu’il fallait l’écouter mais ne jamais prendre pour acquis ce qu’elle racontait car elle changeait souvent d’avis. Enfin, je repense à un échange où quelqu’un nous disait que "la niche, de toutes façons, ça n’existe pas, ils veulent tous devenir aussi gros que les Chanel et autres", et je me dis que cela n’est pas faux.
Disons que les messages sur la sincérité et sur l’intégrité seront, dorénavant, encore davantage à prendre avec des pincettes.

Les Éditions de Parfums Frédéric Malle sont bien, et même encore aujourd’hui malgré des signes moins positifs, une des meilleures niches françaises si ce n’est "LA" meilleure marque de niche durant des années, auprès de Serge Lutens qui pèche, lui, depuis dix ans, par un trop grand nombre de lancements inégaux et moins spectaculaires que les mètres-étalons de ses dix premières années d’existence.

Enfin, à propos de ce rachat, comme toujours dans ces cas, il y a deux écoles : ceux qui reprennent car ils détectent un potentiel amélioré quand ils auront effectué des changements, et ceux qui souhaitent acquérir pour l’existant, ils sont alors moins soucieux de réaliser des changements. Seul le temps nous dira si les augures étaient bons ou non.
Ce qui ressort de tout cela, c’est que combiné à la distribution élargie de certaines marques dans des réseaux sélectifs classiques comme Sephora, le flou entre niche et grand public ne fait que s’accroître, rendant leur définition respective difficile tant cette zone qu’est le "semi-niche" est mal délimitée.
Et, ce qui est sûr, c’est que si les termes "parfumerie d’auteur" peuvent encore s’appliquer, ceux de "parfumerie confidentielle" ou "rare" moins et, en tous les cas, dans le cas de Frédéric Malle, Le Labo, Serge Lutens, L’Artisan Parfumeur et Penhaligon’s, les termes "parfumerie indépendante", plus du tout !

Merci pour vos commentaires, tout particulièrement à vous, Aryse, que je rejoins sur tout (ou presque, il y a juste French Lover qui sera notre point de différence, et un peu de diversité d’opinions fait du bien aussi, et, ici, il s’agit de presque rien... ^^).
Passez une agréable poursuite de samedi.
Opium

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