Parfumeurs de demain
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À quelques jours de Noël, nous avons dressé une liste (non exhaustive) des publicités de parfums qui ont croisé notre regard dans la rue. Voici une appréciation - évidemment très personnelle - de ce qui vaut vraiment le coup de nez.
il y a 13 heures
Vous semblez oublier les notes poivrées ou les notes de baies qui apportent tout leur charme à(…)
il y a 3 jours
Où donc ai-je lu à propos de 1000 que Luca Turin recommandait à la gent masculine le port de(…)
Nombre d’or de l’iris
Songe d’une nuit des thés
Désert brûlant
J’avais essayé d’être synthétique et je trouvais quelques failles à mon message.
Je rebondis donc, à mon tour, pour combler celles dans lesquelles vous vous êtes engouffré.
Tout d’abord, loin de moi l’idée de rendre l’art de la parfumerie inaccessible aux créateurs plus réfractaires à la chimie. Personnellement, je me passionne pour le parfum dans la mesure où il s’agit d’un syncrétisme entre art et science, mais j’imagine que c’est une vision peut être un peu marginale. Je voulais dire qu’il viendra peut être une génération de parfumeurs qui travailleront de manière plus étroite avec les chimistes. Ou que la chimie des molécules parfumées deviendra un pan de recherche à part entière (je parle de "design moléculaire" là, pas de techniques d’extraction).
Ensuite, l’idée de l’abstraction en parfumerie m’est venue par comparaison avec la peinture ou la musique. Il faut à un moment casser les codes pour ne pas s’embourber dans une voie sans réelle possibilité d’évolution.
J’ai cité le N°5 parce que justement, l’abstraction à laquelle je pensais en parfumerie tenait de ce sur quoi nous sommes d’accord. Ce qui était une abstraction à sa sortie n’est maintenant plus qu’un des précurseurs d’une famille bien établie.
Je suis persuadé qu’il y a d’autres assemblages à construire pour partir vers autre chose.
Quant à la question des naturels face aux produits de synthèse, j’avoue que j’ai deux gros défauts : je suis pessimiste et biologiste moléculaire.
J’ai pris l’habitude quand je désire une molécule dans le cadre de ma discipline de la "designer" avant de la commander. La synthèse est donc pour moi une évidence.
Ensuite, je crains plusieurs choses.
Tout d’abord le "switch antigénique", c’est ainsi que j’appelle la façon dont le corps se tourne vers d’autres allergènes une fois que la substance qui déclenchait l’allergie a été éliminée. Nous sommes pour moi à l’aube d’une ère allergique. Notre environnement chimique est tellement agressif que le corps ne connait plus qu’une seule manière de réagir. Et il le fait de manière outrancière.
Je crains donc que les molécules allergènes ciblées par la Communauté Européenne actuellement ne soient que des précurseurs.
D’autre part, je crains aussi que les législations ne deviennent de plus en plus contraignantes (j’ai un ami qui gère une laiterie et qui se refuse à demander le label bio parce que malgré la qualité de son lait, les contrôles incessants lui rendraient la vie impossible) et que les laboratoires ne restreignent leurs catalogues de matières naturelles que par simple facilité administrative.
On ne peut pas rendre une molécule d’eugénol (si tant est qu’elle le soit vraiment, mais je ne vais pas m’énerver sur ce sujet ici) non allergène. Sinon ce n’est plus une molécule d’eugénol. Mais elle peut sentir pareil si le chimiste qui l’a imaginée est doué... Voilà pourquoi la chimie de synthèse est une voie d’avenir à mon sens. En ce n’est pas de gaité de coeur.
Celà dit, un certain monde aura toujours besoin de belles matières, quitte à les créer. Et ça ne rendra pas le parfum moins cher.
Je vois aussi la parfumerie de demain comme un monde très clivé entre des amateurs éclairé et des consommateurs heureux de l’être. Et à ça, je ne vois pas de solution.