Eau de Narcisse Bleu
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Une légende dit que le bois d’oud arriva au Japon porté par les eaux, et fut sorti du sable et du sel par des pêcheurs.
il y a 3 heures
Bonjour inexpert, En fait on était encore le 13 pour moi (décalage horaire oblige)... il était(…)
il y a 19 heures
On se sent un peu seule ce 14 février ?
hier
Bonjour, Pas évident de trouver un équivalent. Personnellement, je tenterais le layering et je(…)
Accord intercontinental
Lavis en rose
L’encens sans l’église
En fait, là vous allez retrouver le petit Jicky teigneux qui a eu un énorme coup de coeur et qui va se retrouver en mode tubéreuse-bitch dès qu’on parle mal de cette Eau de Narcisse Bleu. C’était la petite partie ATTENTION JICKY AU TAQUET.
En petite introduction, je pense qu’il est de bon ton de faire un point sur mon rapport à Jean-Claude Ellena. Bon, autant être honnête... Seigneur Iris Silver Mist, j’ai péché : j’ai enterré Jean-Claude Ellena bien trop vite. Bon, enterré c’est peut être un peu fort. Mais disons que je ne pensais pas être à nouveau surpris par une de ses créations.
Dans mon top Ellena j’ai L’Eau de Gentiane Blanche, Iris Ukiyoé, Déclaration, les deux premiers Jardins (Nil & Méditerranée) et Angéliques Sous la Pluie. Après, je tiens à dire que je suis pas de ceux (comme New Yorker là, ouiouiouioui celui qu’a commenté juste avant moi là) qui sont blasés à mooooort de Jean-Claude Ellena (au contraire, j’estime plutôt faire parti des défenseurs).
S’entend que pour moi, dire "Ellena fait du Ellena" n’a pas vraiment d’intérêt. Alors oui ok quand il abuse genre Voyage (aka The Best of Ellena), là oui. Mais dire que Jour c’est "que du Ellena", qu’Un Jardin après la Mousson c’est "encore du Ellena" ça n’a pas de sens. Quand un auteur, un cinéaste ou un musicien a un style aussi marqué, si personnel, on retrouve forcément de nombreuses similitudes. Et c’est normal. Et le pire - je vais prendre l’exemple de Burton au cinéma qui a l’avantage de parler à pas mal de monde, et qui a des points communs avec Ellena AMHA - c’est que : quand "Burton fait du Burton, c’est mauvais" (exemple : le Dark Shadows, pourtant fort bon). Mais alors quand Burton fait du Burton jusqu’à l’autodérision (cf l’exquis Frankenweenie, qui est quand même une mise en abime au carré), bah ça passe. Et pire encore, quand "Burton s’écarte de son style", bah c’est du caca (cf Ed Wood à la limite, même si ce serait mentir).
Bref, quand Ellena fait du Ellena de manière exquise, juste c’est normal ^^. Ce qui est plus intéressant, c’est de voir quand le maître à l’oeuvre est blasé, limite je m’en foutiste : "Oh bah l’Ambre des Merveilles ?? Mon Dieu ce qu’ils m’ennuient avec leurs flankers à la con là. Bon allez, recette du Journal d’un parfum : ciste labdanum + vanilline, le tout biiiiien dilué. Hop, emballé c’est pesé".
Bien dérivons sur le cas de Jour, qui me permettra une "habile" transition entre cette reflexion et cette Eau de Narcisse Bleu légendaire.
Mes avis ici et là sur auparfum à propos de Jour révèlent un certain entrain. Alors oui. Cependant, je tiens à dire que si je trouve à Jour une utilité et une certaine pertinence, c’est à force de nuances, de réflexions tout seul (toujours le soir, la lumière éteinte, dans le lit avant de dormir). Bref, c’est comme pour Dries chez Malle : avec Jour on se prend la tête à lui trouver des excuses, des qualités, un intérêt, tout en essayant de garder à l’esprit ses défauts, son aspect lissé à l’extrême, etc.
En fait, en un pschit, L’Eau de Narcisse Bleu balaye Jour. PAAAAF !! Scrapoutchi le Jour !!! UN PSCHIT. Un seul pschit et c’est près de 156 heures de réflexions personnelles intenses sur le féminin Hermès qui s’envolent.
MY GOD QUE CETTE EAU DE NARCISSE BLEU EST EVIDENTE !!!!
Que c’est agréable de sentir un parfum, un Jean-Claude Ellena qu’on avait enterré qui plus est, nous surprendre à ce point !
Alors attention, quand je dis surprendre c’est pas une vraie surprise. Mais c’est vraiment ce dont parle Jeanne (et ce que relève Koimynose) : on est EMERVEILLE.
Un pschit, et regardez moi cette douceur verte de fleur d’oranger ronde et tout douce. Respirez juste une seconde encore et vous avez déjà quelques facettes terreuses, rapeuses à souhaite qui viennent rééquilibrer cette merveilleuse odeur qui flatte votre nez comme tous vos autres sens.
A JLE qui n’est pas convaincu par la tête je répondrais qu’une tête qui dure longtemps ça s’appelle un coeur. Une tête qui évolue c’est le principe même d’un parfum qui vit. Et là frustration d’abandonner cette tête est une des qualités humaine de ce Narcisse Bleu. Une tête qui dure, c’est un parfum linéaire. Un Narcisse Bleu linéaire n’est plus un Narcisse Bleu.
Avec cette tête, il faut profiter des teintes par milliers qui viennent à l’esprit : du bleu, du orange, du vert, du jaune, de l’ocre, du marron. Mais attention, le tout est merveilleusement bien assemblé. La lumière est tamisée, mais elle est là. On se croirait dans un film où la caméra n’a de cesse de virevolter dans l’air.
Le mouvement. Mon dieu le mouvement. Oui, ce Narcisse Bleu transporte et c’est finalement une caractéristique assez rare chez Ellena.
C’est pour cette raison que - pour le moment, avec tout l’emportement "nouveauté coup de coeur" qui devra être nuancé par la suite - je vois ce Narcisse Bleu comme un des chefs d’oeuvre d’Ellena. Pour la première fois, toutes ses théories esthétiques sont pleinement accomplies : pour la première fois, l’abstraction transporte. Pour la première fois on virevolte réellement entre les odeurs, les sons, les couleurs et les matières. L’Eau de Narcisse Bleu est un parfum somme, à l’image de grand nombres des chefs d’oeuvre des autres disciplines artistiques. On y retrouve un hommage appuyé au Vol de Nuit de Guerlain (la verdeur narcissique abstraite), déjà chef d’oeuvre de Jacques Guerlain (même si la plupart vous diront que c’est Mitsouko). Et c’est intéressant car Vol de Nuit est un des premiers parfums réellement abstrait et pourtant porteur.
Tout est lié dans ce parfum : toutes les notes florales se répondent, sont harmonieuses, sont pertinentes et sont évoquées.
Le narcisse est somptueux : point de cheval ou de croute de fromage séchée dans la paille. Au diable la transgression à la con.
On pense à Orphée où Cocteau fait dire au poète "Que dois-je faire ?" et la réponse est "Etonne moi". Pas de recherche stérile de la transgression ou de l’originalité à tout prix. Là, c’est le parfum qui est mis à l’honneur.
Quand, dans L’Eau de Narcisse Bleu, Jean-Claude Ellena cite c’est pour mieux appuyer son propos : oui on retrouve Vol de Nuit, L’Eau parfumée au thé vert, Hiris et autre Eau de Gentiane Blanche. C’est une sorte de liaison dans le temps et dans l’espace. Un hommage à la parfumerie des années 30 à aujourd’hui. Un hommage au floral abstrait ou à la Cologne.
Je ne sais pas si je suis clair. Il y a tellement de choses à dire sur ce parfum, tellement de rapprochements à faire entre plein d’arts, de mouvements, de façon de penser.
Et puis tout est si neuf.
Une semaine. Voilà une semaine que j’ai découvert ce Narcisse Bleu et je sais déjà que c’est un parfum qui m’accompagnera toute ma vie. Que j’ai hâte de voir ma relation avec ce parfum cet été, dans deux ans, dans 10 ans ?
J’aime ce Narcisse Bleu parce qu’il me surprend.
J’aime ce Narcisse Bleu parce qu’il m’émerveille.
J’aime ce Narcisse Bleu parce que c’est un parfum plein de Grâce et de Bonté.
J’aime ce Narcisse Bleu plein de lumière. Plein de sons. Plein de sensations. Plein de goûts. Plein d’odeurs.
J’aime ce Narcisse Bleu pour les hommages qu’il rend et la manière dont il dit finalement beaucoup de choses sur moi. Ca parait incroyable de dire ça comme ça, mais avec cette Eau de Narcisse Bleu je me retrouve enfant, jeune adolescent, adolescent, jeune adulte. On y découvre plein de choses : l’environnement, la lumière, les odeurs, les gens, les contacts, la colère, le sexe, la mort, l’empathie et la transcendantalité.
Tout ce qui est dit dans L’Eau de Narcisse Bleu y a sa place. Alors oui ce sera surement moins polarisant que L’Eau de Gentiane Blanche et moins extrême qu’un Géranium Pour Monsieur. Mais là n’est pas le propos. C’est Aristote qui dit que la perfection est atteinte non pas lorsqu’il n’y a plus rien à rajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer. Tout est là dans ce parfum. Tout.
La graine de ce Narcisse Bleu est plantée en moi. Je ne sais pas comment vivre avec pour le moment. Est ce que je dois le porter souvent ? Ou plutôt est ce mieux de ne cesser de le redécouvrir ?
J’aurais pu rester dans l’analyse technique la plus barbare, limite la plus élitiste. Mais c’est - je trouve - tellement plus beau de finalement parler de soi pour un parfum. Parler de soi pour un Narcisse d’ailleurs. Finalement, c’est cohérent.
Enfin, à Jeanne, que je ne remercierais jamais assez de m’avoir permis d’être comme je suis aujourd’hui, je tiens à faire un clin d’oeil personnel "J’espère que tu te trompes" ;)
J’aime ce Narcisse Bleu parce qu’il m’inspire. N’importe quelle musique que j’écoute arrive à trouver un écho avec ce parfum, chaque lueur, chaque teinte. J’espère que tu te trompes Jeanne. C’est de l’autopersuasion que je fais là, mais finalement c’est avec des parfums comme Eau de Narcisse Bleu que j’ai espoir.
Je vous invite tous à découvrir ce parfum. Bien évidemment, j’ai bien conscience que mon avis est dithyrambique, déplacé, incorrect. J’imagine bien qu’il ne parlera pas comme ça à tout le monde. Juste, relachez vous, ne cherchez pas le jugement, ne cherchez pas la critique. Appréciez. Identifiez vous à ces notes.
Voyez plus loin que ce que vous sentez. Ou alors sentez des couleurs, sentez des sons, sentez des textures.
J’ai renoué un gros lien avec le parfum. Je me doutais bien que ça n’allait pas dans ma tête mon rapport avec le parfum, mais je pensais être capable de m’en défaire un jour.
Non, le Narcisse Bleu montre qu’en définitive, j’aime le parfum et j’ai le narcissisme de penser que le parfum m’aime aussi.
Vive l’odorat !