Auparfum

L’obscurantisme des parfums

10 mars 2013, 20:38, par Opium

Bonsoir Jackmon.

 

Je vais me permettre de réagir à propos de ces fichus parfums qui ont pris trop souvent la sale habitude de ne courir que les sprints du "maison - métro - boulot" en termes de tenue.
Je suis assez d’accord. Moi aussi j’ai bien cette impression qu’il faut faire sur à peu près toutes les fragrances récentes (et pas que...) un "refill" après déjeuner, sinon, bah, y a plus rien en fait !
Dans l’ensemble, les parfums tiennent moins et ne "sillent" plus, sauf quelques horreurs, dont deux très repérables, durant longtemps et que j’ai bien en tête et "dans le pif" ! ^^
Aujourd’hui, les parfums sont souvent chétifs, rabougris. Je ne veux pas que des bulldozers de la diffusion, mais, force est de constater que les parfums semblent être pris de honte d’être ce qu’ils sont, des parfums. C’est qu’il est probable qu’un commentaire négatif de la part d’un proche ou collègue de bureau pourrait vous flinguer votre appréciation de la dernière nouveauté, alors, on fait des parfums qui ne risquent pas de déranger. Passées les premières minutes surdosées en fruits suraigus, les féminins la jouent discrets ensuite. Voire ennuyeux. Souvent.
C’est que la peur de tout, même de son ombre, le procès nord-américain où une odeur a pu rapporter beaucoup d’argent à l’incommodé(e) et beaucoup coûté à la ville, ainsi que la suppression du tabac de certains lieux publics, de même qu’un environnement moins mal odorant, sont autant d’éléments qui font qu’il n’y a plus "besoin d’envoyer du lourd". Le problème, ce n’est pas tant d’incommoder autrui, je haïrais cela, c’est que ne pas avoir un sillage minimum ne permet pas de retrouver sa propre odeur. Rien de plus jouissif que d’oublier son parfum pour se demander "Mais qui porte ce truc, j’adore ? Oh, mais c’est moi !" #content #radieux

 

Après les années 80-90, celles de la performance maximale, on semble parvenir à une volonté de répondre seulement à un "intervalle de performance" : pas moins de tant de temps et en diffusant jusqu’ici, mais, inutile d’aller au-delà de ceci et de cela.
Un parfum qui ne satisfait pas à certains critères de tenue et de sillage ne devrait pas être racheté. Mais, quand toutes les nouveautés tiennent peu, ce n’est plus un critère si déterminant. Peut-être aussi certain(e)s se sont-ils rendus compte qu’un parfum qui tient trop est un parfum qu’on utilise moins vite et qu’on rachète, donc, moins rapidement.
Bon, ce dernier exemple est à pondérer : les parfums "marquants", avec des sillages de dingue, créent une telle addiction que même s’ils sont ultra-diffusifs et ont une tenue hallucinante, leurs utilisatrices/teurs les surdosent pour avoir, justement, "leur dose". Il suffit de penser à Angel, divin en petite quantité, mais dont l’usage est rarement modéré. Ou, pour un exemple plus récent : à La Vie est (Plus ou Moins) Belle, qui, même sous-dosé n’a pas les avantages de "l’ange androïde" muglérien ; et qui est utilisé de manière plutôt nucléaire. (Je l’ai repéré dans la rue à plus de 20 mètres il y a quelques jours ; et, non, je ne plaisante pas sur la distance, je n’en croyais pas mon nez moi-même, je pouvais "suivre à la trace" une Madame qui promenait tranquillement son chien et diffusait comme une thermale abîmée...)

 

Pourtant, depuis près d’une semaine, moi qui avais l’impression de ne jamais sentir personne dans la rue (l’hiver n’aidait pas, mais, cette impression remonte à plus loin dans le temps que cela), je suis surpris durant des promenades dans Paris en soirée de redécouvrir que les gens, même en fin de journée, "sentent" encore. Et, j’adore ça, traquer l’odeur d’un(e) tel(le) ou tel(le) autre : des fougères métalliques à gogo, 1 Million et apparentés, LVE(soi-disant)B, LPRN (que je lui préfère de loin), Spicebomb, L’Air du Temps, Opium tout à l’heure ("di-vin !")...
Je pense, par ailleurs, que cette surpuissance de certains parfums comme LVEB et 1 Million, dans un environnement où, techniquement, beaucoup "en sont pour leurs frais", insatisfaits des parfums "qui ne sentent pas", ces déçu(e)s-là doivent avoir l’impression "d’en avoir pour leur argent". Surtout celles et ceux qui ont connu les parfums "d’avant" qui, eux, avaient une existence pas réduite à la portion congrue. D’une certaine manière, je comprends cela. Quoi de plus frustrant que de ne pas profiter de son parfum ? Mais, comment supporter ces parf... Bref ! ;-)

 

Malgré cela, bien que je re-sente les gens dans la rue, si l’on s’interroge sur quel est le dernier parfum de qualité qui s’exprime haut et fort, vous allez voir que cela remonte. J’ai bien précisé, en revanche, "de qualité"...
Pour moi, il y a bien Terre, pas un mastodonte, mais qui existe des heures et qu’on peut distinguer facilement à quelques mètres et dont l’odeur est très reconnaissable. Mais, il n’est pas tout à fait assez "grande gueule".
Il y a aussi Dior Homme, c’qu’il est beau lui ! Mais, il a déjà quelques années maintenant, il n’est plus vraiment une "nouveauté".
LA grande idée est Portrait of a Lady : il a TOUT ! Un sillage reconnaissable, identifiable entre mille, à la fois rétro et actuel, complexe et dense. Il s’exprime fort, mais ce qu’il a à dire est intéressant. Problème : il date de 2010, ce qui n’est pas tout récent, et a été lancé par les Editions de Parfums Frédéric Malle, on est loin de l’univers uniformisé du circuit sélectif.

 

Et, que dire de l’autre grand problème de nombre de parfums modernes : une tête accrocheuse et jolie, séduisante durant les 15 minutes où l’on va conserver la touche sur soi, ces 15 minutes qui vont peut-être se révéler décisives lors d’un futur acte d’achat ou pas... mais, une tête d’un parfum qui s’effondre, lamentablement, après ces quelques minutes à peine ? Un quart d’heure de joliesse, on peut trouver cela suffisant. Pas moi. Quand il s’agit d’un tour de magie à la Brin de Réglisse, qui se contemple plutôt qu’il se vit, ok. Mais, quand le parfum doit tenir le rôle d’accompagnateur du quotidien, ce quotidien étant calé sur un cycle jour-nuit de près de 24h, il serait profitable que le cycle du parfum s’adapte mieux à la durée de veille de son usager.
Mais, il serait dommage, pour les marques, d’investir dans autre chose que la tête du parfum puisqu’il est testé à "très grande vitesse", en "Fast-Smell", durant 2-3 mns avant que la touche à sentir ne soit jetée dans tous les espaces dédiés à cela et avant, peut-être, un passage en caisse.
Souvent, nous avons constaté avec des ami(e)s que tout est misé sur la tête, dans les premiers instants seulement. Ensuite, patatras, de la lessive, des muscs monotones d’une banalité affligeante répétés à l’envi, du commun à n’en plus savoir que faire ou de la vanille ultra plate, plus lisse qu’une patinoire ou un lac gelé. Gardez vos touches et sentez-les après quelques jours : vous verrez, on n’y "voit" ("sent") plus rien, tout est pareil, tout se ressemble dans un vague timide nuage musqué.
Heureusement, parfois, arrive la vraie bonne surprise, celle que l’on attend plus.
Bref.

 

Vive les parfums qui durent un peu et qui s’expriment quand ils sont intéressants. Et, tant pis si ces préoccupations sont purement pratiques et techniques. Mais, c’est qu’en d’autres arts aussi, la "taille" a de l’importance et de l’impact. Un Rothko sur un mouchoir de poche ça n’exprime rien. Sur un grand mur, c’est bouleversant !
Tout cela est un très vaste sujet. Mais, passionnant.
A bientôt.
Opium

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