Auparfum

Annick Goutal fait peau neuve

3 mars 2013, 21:11, par Opium

Bonsoir Lucasdries. Re-bonsoir Troudujol.

 

Davantage de mixité est, en effet, une excellente chose pour cette marque probablement trop orientée "fifille" voire "dadame".
Je vais revenir sur trois points qui me sont venus à l’esprit en lisant certains échanges : un terme dont je me suis servi et un que je n’ai pas écrit d’abord ; quelques précisions sur les trois Colognes ensuite ; enfin, une réflexion générale sur cette marque et sur le secteur du "niche" en général.

 

- Aaaahhh, les "muscs"... Effectivement, deux des parfums sont complétés par des muscs ou par davantage de muscs.
Une précision toutefois : ils ne sont pas "lessiviels". On est chez Goutal, pas chez Procter, et ça se sent ! Ou, plus précisément, ça ne sent pas du tout pareil, fort heureusement. Donc, non, la Cologne d’Hadrien n’est pas Hugo ("Just Different" ou pas) ! Musquée, oui, mais ni "Dash 3 en 1", ni "Ariel" et pas "Omo" non plus ou "Cajoline". En fait, ce sont les mêmes types de muscs que ceux qui existaient dans l’ancienne version de Néroli, donc, celles et ceux qui aimaient les notes de fond de ce parfum pourraient apprécier leur rajout dans deux des Colognes, sinon, probablement pas.

 

- Je ne vais pas effectuer une analyse précise des parfums, je serai peut-être amené à le faire prochainement.
Mais, en gros, voici à peu près les changements, en sachant que je ne connais pas parfaitement les "anciennes" versions, donc, mes propos sont sujets à caution :
- Cologne d’Hadrien : La tête est plus fusante, plus vive et fraîche (selon Isabelle Doyen elle-même). Puis, la Cologne se poursuit dans des muscs cotonneux doux et chauds, mais pas lessiviels ; en fait, à mon nez, le même type de muscs qu’il y avait déjà dans Néroli. Il s’agit, finalement, de ce que Denyse Beaulieu nomme un "Faux-de-Cologne" : une Cologne moderne à la tenue améliorée par des matières de synthèse qui servent de "scotch". Donc, pour répondre à certains échanges, non, la Cologne d’Hadrien ne m’a pas paru si diluée : elle m’a semblé surtout très différente après une heure, avec un "nouveau" fond, qui fait durer plus longtemps, je crois bien, le tout, mais vers une nouvelle direction proche du suivant...
- Néroli sous son format Cologne : Il perd en "verdeur croquante", je le crains effectivement, il est immédiatement plus doux. La facette néroli dure moins de temps au profit de la facette musquée qui existait déjà et dont le poids dans la balance pèse plus lourd aujourd’hui. Le rendu, selon moi, est que Néroli reste toujours plus joli que Elie Saab Le Parfum et n’a rien du très lessiviel-Galaxolide Fleur d’Oranger de Fragonard. Il est plus "facile" et "accessible", mais, le rendu reste plus qualitatif selon moi ; beaucoup plus qualitatif que nombre d’autres propositions. Si vous aimiez les notes de fond de Néroli avant, vous adorerez cette version, sinon, probablement pas.
- Vétiver sous son format Cologne : Je savais que celui-ci ferait parler... ^^ Effectivement, les parfums masculins de la gamme ont une identité folle. Mais, Vétiver était invendable. En fait, pour être précis, il ne se vendait pas. Pas du tout ou presque. Or, un parfumeur est aussi un commerçant. Même une galerie d’Art cherche à vendre ses tableaux. On en discutait avec Valérie, la vendeuse du stand Profvmvm Roma au Printemps : sa gamme comporte un parfum, Oxiana qui est une tuerie expérimentale selon moi. Il sent le velouté aux champignons et les champignons que l’on coupe avant de devenir une tarte au citron crémeuse un peu plus appétissante, ronde et chaleureuse. Mais, vraiment, au départ, ce sont des champignons, des vrais ! Certain(e)s, comme moi, viennent sentir Oxiana pour la découverte expérimentale, mais, personne ne l’achète. Trop bizarre, conceptuel, expérimental, radical ; pas assez seyant. Elle n’en a pas fait une seule vente depuis qu’il est à disposition. On vient découvrir le truc barré mais on ne souhaite pas investir de l’argent dans un objet dont on ne fera pas usage. Idem pour le Vétiver : ils en vendaient un flacon par mois aux Galeries où, pourtant, l’afflux est très important ! Or, je l’ai déjà expliqué à propos de L’Artisan Parfumeur, il y a deux matières "bankable" : vanille pour les femmes, vétiver pour les hommes. Avoir un vétiver qui ne se vend pas, c’est bon pour la posture arty, pas pour le commerce. Qui plus est, avouons-le, il était marrant ce vétiver avec sa note de "hareng fumé", mais, il n’était pas particulièrement réussi. Il est plus accessible sous son format Cologne, il est plus harmonieux. Et, il devrait se vendre lui. ;-)

 

- Une marque commerciale doit-elle chercher à être rentable et à s’étendre à tout prix ? Des marques comme Annick Goutal, Diptyque, L’Artisan Parfumeur, By Kilian et d’autres, sont distribuées dans des circuits dits "de niche", plus alternatifs, mais, dans des réseaux de plus en plus grands et nécessitant une production presque industrielle. Ces marques et des "bidouilleurs" de génie comme Vero Kern, Andy Tauer et d’autres, ne font pas le même travail.
Dans le cas d’une mondialisation et d’une industrialisation, les règles ne sont pas les mêmes.
Je préfère une marque qui s’adapte et me satisfera encore dans l’avenir à une marque disparue. Les suppressions pour remplacements à tout va comme le fait L’Artisan m’exaspèrent. Mais, ne vous plaignez pas trop de Goutal pour le moment, les suppressions, ailleurs, vont suivre, et au tracteur : on ne peut accroître les gammes dans tous les sens sous la pression des client(e)s qui veulent encore et toujours davantage de nouveautés, et maintenir toute sa collection.
Comme me le disait Isabelle Doyen, le jour où Camille Goutal et elle ne seront plus dans cette maison, là vous pourrez hurler au désespoir.
Je préfère une marque avec une identité forte, un style affirmé, respectueuse de ses client(e)s, qui conserve et maintient son patrimoine. Mais, connaitrais-je certaines marques, certes plus "diluées" par les nécessités de plaire partout dans le monde s’il n’y avait que deux boutiques perdues en France (comme Diptyque qui est passé d’un style baba cool de "parfums pots pourris" à un style bobo arty avec des "parfums de niche moyenne" [une vanille, un vétiver, des colognes, tout-comme-tout-l’monde-en-niche]...) ?
Bref, ce débat pourrait durer des pages entières de commentaires.

 

A bientôt.
Opium

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