Repetto
par Opium, le 11 juillet 2013
Bonjour encore à toutes et à tous.
As usual, Jeanne, tu as fait concis et efficace. Un parfum "anonyme et ordinaire", voilà ce qui signe les débuts de Repetto en termes de parfum.
Il fut une époque où d’autres formats olfactifs étaient répétés à l’envi : aldéhydés et chypres des années 20 et 30 ; eaux chyprées des années 60 ; roses patchoulisées des années 70 ; ozoniques océaniques invitant à la rêverie et au voyage dans les années 90.
En parlant de voyage, je dis souvent que le parfum est un billet pour de moindres frais, qui transporte pour une somme relativement pas trop élevée si on la compare au prix d’un séjour de deux semaines dans une île paradisiaque.
Repetto lui aussi m’a transporté quand je l’ai découvert. Mais, pas dans les souks marocains comme Cuir Mauresque, ni au Portugal en famille au bord de mer il y a des années comme Sables a pu le faire. Repetto m’a transporté...
Nân, je vais poser le décor et faire un chouilla de teasing avant...
Lieu : Vers 16h, lundi 1er juillet dernier, au Sephora du Passage du Havre vers la gare Saint Lazare.
Je trouve la galette rosée, plutôt jolie si ce n’est ce capuchon en plastoc assez cheap. L’emballage avec son ruban est très joli lui. Mais, je suis là pour découvrir la fragrance, pas pour faire des entrechats ni discuter design. Donc...
Je vaporise. Je sens... Et, me voilà transporté...
Chez Auchan, au centre commercial Bel-Est qui se trouve Porte de Bagnolet. Pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, disons que c’est un méga-hypermarché, sur deux étages, avec des rayonnages jusque deux mètres de hauteur et que le Carrefour de la Porte de Montreuil, à côté, en comparaison, aurait de faux airs de supérette de quartier. Un palais dédié à la (sur)consommation de(s) masse(s) donc. (Plutôt pas intérêt à être trop petit(e) si vous avez envie de la marque des corn flakes qui sont rangés tout là-haaaaauuuut !)
Me voilà-t-y pas emmené, sans m’y attendre, au rayon des boissons et sodas donc. Devant les Ice Tea... Sans gaz, à la pêche ou à la mangue. Juste à côté, les Oasis Tropicaux. Les jus de poire ou de banane concentrés.
Voilà la destination fantasmée où Repetto me transporte. On est loin de La Bayadère et du Palais Garnier !
A l’image de la nouvelle déclinaison de flanker de Ange ou Démon Le Secret en Eau de Toilette qui rappelle les mêmes sodas sucrés non-gazéifiés, ou la dernière déclinaison de Dior Addict si loooooin de l’originalité de l’original (mais, moins moche que les deux flankers de l’an passé) me voilà, mentalement, devant des bouteilles de 2L et des canettes de Ice Tea fruités hésitant entre pêche et mangue.
Après avoir exploité jusqu’aux limites du possible les contrées des shampooings, des pâtisseries, des confiseries industrielles de type Haribo et des crèmes dessert type Danette ("Caramel", "Café", "Vanille-Chocolat"), il ne restait plus qu’à finir ses courses et s’arrêter au rayon des sodas !
Entendons-nous bien. Ce qui me pose un peu problème, ou au moins m’interroge, ce n’est pas que l’on exploite encore l’univers alimentaire pour en faire un parfum. Ce n’est pas non plus qu’on appelle "parfum" un arôme alimentaire qui sent l’Ice Tea et qu’on lui accole le terme ultra galvaudé "sensualité". Après tout, les désirs humains primitifs (au sens de "premiers" et "essentiels" plutôt que de "bestiaux" et "primaires") sont proches, se sustenter est aussi essentiel que se reproduire pour une espèce vivante. Ce qui me gêne en réalité ici n’est pas non plus le manque total d’originalité qui crée des copycats de Coco Mademoiselle à tours de bras, la parfumerie a toujours fonctionné sur le mode de "l’inspiration" ou de la copie dès lors qu’une nouvelle forme olfactive apparaissait/aît et rencontrait/e le succès. Ce qui est assez dommageable, c’est la pauvreté du rendu olfactif de ce qui est proposé comme objet du rêve : un soda ou un jus de fruits. A force de galvauder tous les termes, on pourrait croire qu’avaler un truc cheap industriel en trois bouchées ou gorgées reviendrait à s’assurer un orgasme assuré à tous les coups ! Outre le fait que la parfumerie soit devenue une gigantesque succursale de l’industrie agro-alimentaire, ce qui m’exaspère est qu’on nomme "nourriture" ce qui est en fait de la junk-food. Je parle souvent de "parfusserie" ou de "pâtimerie" pour décrire ces fragrances qui rappellent une visite à la boulangerie ou l’ouverture d’un sachet Mont Saint-Michel. Mais, en réalité, il s’agit plutôt de "junk-frags" faites à partir de modèles simplistes, faites pour satisfaire un plaisir immédiat de sucre et graisse, sans construction plus élaborée. L’aspect alimentaire n’est pas en cause. C’est la répétition du même modèle simpliste jusqu’à plus soif ! Et, il est vrai que je préfère me vaporiser d’Arabie, Aziyadé ou Santal de Mysore avec tous leurs effets alimentaires plutôt que de parfums qui me feront ressembler à un sachet Haribo à 1,38 euro les 500 grammes.
Maigre voyage que celui qui vous transporte en périphérie de Paris, dans un hypermarché au rayon des sodas... ^^
J’ai été éduqué de manière à ne pas boire régulièrement de sodas ni à grignoter (ma maman interdisait peu, mais interdisait ferme chips, Coca, sodas, bonbecs ; pour le reste, elle cuisinait, avec de tout et même du sucré et du très gras, du bricolé et du plus complexe, mais, toujours avec envie, même pour cuire des frites dans leurs deux bains de friture et coupées fines...). Mais, une fois de temps en temps, surtout quand il fait chaud, j’aime bien manger tout cela, boire des sodas, vivre en somme.
Problème : je n’ai pas envie qu’un flacon vendu près de 100 euros les 100 mls me donne l’impression de me vaporiser d’un parfum proche d’un bonbon, d’un soda ou d’une crème dessert à 1,50 euro le litre, les 500 grammes ou le kilo.
Parfois, j’ingurgite de la junk-food et sans culpabilité. Mais, lorsque je le fais, je n’ai pas l’impression ou le sentiment d’absorber de la nourriture élaborée ni qualitative. J’ai la conscience de ce que j’absorbe : de la graisse et du sucre binaires qui shootent mon cerveau et le font planer. Point. Et puis, la junk food, je la mange, mais, je n’ai pas envie de m’en badigeonner, avoir les doigts qui collent après un brownie ou cette odeur de vinaigre dont il est difficile de se débarrasser sont des odeurs et des sensations bien assez insupportables lorsqu’elles sont hors contexte, donc, quand j’ai fini de manger... ^^
Or, Repetto fait cheap. Alimentaire et, selon moi, est bien éloigné de l’univers de la danse classique qu’il est censé représenter. Un bouquet floral vague qui est dilué dans un soda sans bulles, en bon copycat, comme tant d’autres, de Coco Mademoiselle qui, en comparaison, passerait pour un chef d’œuvre de la parfumerie. Qu’est-ce qui fait d’ailleurs que Coco Mademoiselle n’a pas ce rendu cheap ? Il ne fait pas hyper élaboré, est moins évolutif que les parfums "à l’ancienne", la facette sirop de fruits y est indéniable, le bouquet floral n’y est pas hyper reconnaissable. Malgré tout, il est un peu sensible dans la composition, on détecte vaguement un effet floral. Le coulis ne poisse pas trop. Le parfum a une certaine densité. A l’image de Angel, les notes sont intriquées, peuvent déplaire, mais me donnent un sentiment (peut-être erroné), d’être de meilleure qualité que tous les suiveurs.
Ce nouveau parfum, avec la légitimité de la marque Repetto, dont les aficionadas doivent un peu être aussi celles de la marque Chanel, avec sa publicité joliment stylée, et ce jus d’une banalité qui permet toujours une adhésion massive à coups de "Ça sent trôôp bon !", a toutes les chances de fonctionner également... Avant d’être remplacé par un autre parfum de la même couleur qui sentira à peu près la même chose dans 3, 4 ou 6 mois. #cynique
Il sent plutôt bon. Pour un soda. N’est pas moche. Pour un arôme alimentaire industriel. Mais, est-il joli pour autant... Pour un parfum vendu dans un flacon en verre à un certain prix pour ne pas dire un prix certain. A l’évolution, il "colle" quand même pas mal et rappelle, ce qui est logique, un peu LBGIS, en moins envahissant heureusement, mais, malgré tout, il y a bien quelque chose dans le sillage qui me rappelle le "paquet d’sucre".
Moi, je renfile mes souliers souples, mon tutu, je vais grignoter quelques carrés de chocolat noir et je vais jouer à l’étoile, ou voir si elles brillent de manière plus scintillante, ailleurs.
Mais, ceci n’est que mon avis tout personnel. Si quelqu’un(e) est transporté(e) dans un lieu plus charmant qu’un hyper aux rayons titanesques sous une lumière aux néons verdâtres, qu’il/elle se fasse plaisir que ce soit avec Repetto ou toute autre chose car, en parfum, seuls comptent le plaisir et l’émotion (totalement absents pour moi présentement). ;-)
Allez, une étoile, car en "bon" parfum anodin, celui-ci ne devrait pas nécessiter de lavage nasal quotidien et car il y a de vagues fleurs et que j’aime bien boire du Ice Tea... ^^
Bonne journée.
Opium
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