Scénario résurrection
par Yohan Cervi (Newyorker), le 29 octobre 2012
Les reformulations chez Caron, c’est déchirant. Et c’est vrai qu’on sent, comme vous dites souvent, « la patte Richard Fraysse », lourde, un peu grasse, vieillotte. Pas pour tous les parfums heureusement. Mais souvent les fragrances manquent d’envol, de panache, de diffusion. Elles sont "unidimensionnelles", il est parfois assez difficile de les décomposer, d’être surpris par différentes facettes. Elles font souvent "bloc". Après, je ne trouve pas le "Tabac Blond" actuel mauvais par exemple, au contraire...Mais ce n’est pas "Le Tabac Blond", ça n’a rien à voir avec l’original qui est fumé, épicé, âcre et cuiré. L’actuel est plutôt ambré, foin et "caramélisé". Ces deux créations ne devraient pas être vendues sous le même nom. Pareil, j’aime beaucoup le Narcisse Noir actuel en extrait même s’il lui manque entre autre sa civette, tout son fond animal sale et sombre. Mais malheureusement aucune tenue, un extrait 15ml vendu 150 euros qui diffuse comme une eau de toilette, il y a un gros souci.Quand on me dit chez Caron que leurs créations sont 100% naturelles ou quand je lis des interviews de Richard Fraysse qui assure que les créations Caron n’ont pas bougé depuis un siècle et que les formules sont secrètement conservées, ça m’agace profondément. Clairement, Fraysse ne semble pas avoir le calibre d’un parfumeur capable de reformuler les créations d’Ernest Daltroff ou de Michel Morsetti (c’est vrai qu’à force de vous voir parler d’En Avion je suis allé comparer l’original et la reformulation, clairement c’est deux mondes). Mais la maison Caron lui en donne t-elle les moyens ? En a-t-elle les capacités financières aujourd’hui ? Je ne sais pas. Les bases de De Laire n’existent plus par exemple et je ne suis pas assez calé pour savoir s’il serait aujourd’hui possible de recréer des parfums d’une telle complexité, d’une telle richesse plus ou moins à l’identique compte tenu de tout ce que l’on connait et dont on parle souvent (coûts, rareté, matières animales, restrictions IFRA etc). En acquérant des flacons anciens + décants + Osmothèque, je me suis vraiment rendu compte à quel point l’héritage Caron s’était évanouit ces dix/quinze dernières années . Je ne souhaite pas avoir un regard passéiste et trop nostalgique et déclamer que le parfum vintage y’a que ça de vrai, mais la destruction du "beau", d’une oeuvre artistique finalement, j’ai du mal à l’accepter. Pour finir, Bellodgia a été discontinué très récemment...
Je ne sais pas dans quel état (financier) est cette marque aujourd’hui. Mais peut-elle renouveler sa clientèle ? Elle ne sait plus fidéliser l’ancienne qui, pour une partie, s’est détournée de la marque suite aux reformulations massives. Ça m’attriste parce que cette maison me fascine au même titre que Guerlain.
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