Auparfum

Shalimar

Vivi Snow

par Vivi Snow, le 17 mars 2011

Bonsoir, Bonne nuit, à tous,

Shalimar, le deuxième Guerlain que je découvre avec beaucoup de plaisir. (pour le premier, j’en parlerai une prochaine fois)
Je ne me rappelle pas avoir autant reniflé mon poignet avec volupté et addiction. C’est venu comme ça petit à petit, avec son évolution ensorceleuse sur ma peau. Après une première impression de feu et de passion, Shalimar a fini par se poser avec tendresse et par se fondre en moi. Chacune de mes pores respire avec bonheur doux les effluves bienfaitrices de ce "Temple d’Amour".
Toute la journée, je me suis baladée avec une histoire d’amour imaginaire venant et repartant. J’ai enfin pu, avec un peu de ruse (une petite insomnie plutôt rare), l’attraper pour la partager avec vous. Voici,...

Anatole essayait tant bien que mal de se recoiffer en entrant dans la salle des fêtes de son village. Une bourrasque venait d’ébouriffer les quelques cheveux gris éparpillés qui lui restaient. Il était encore coquet pour son âge, et puis, aujourd’hui, c’était un grand jour. Il s’était fait tout beau dans son costume gris souris souligné de fines rayures plus claires et irisées. Ces couleurs-là lui allaient à ravir et faisait ressortir le bleu intense de ses yeux. Ses petits enfants l’avaient amené ici, de gré et de force, et abandonné dans un fauteuil d’un petit salon improvisé. De là où il se trouvait, il pouvait observer toute la salle, chacune des allées et venues de tout ce beau petit monde, heureux d’être là, ses descendants. Une petite furie blonde et coquine arriva près de lui en accourant pour lui sauter sur les genoux. "Grrrand Papiii ! Tiens, je vais t’aider à faire tes cheveux. Tu sais, c’est ta fête aujourd’hui ! Tu dois être tout beau pour Grand Mamie. Mais, chuuut, c’est un secret..." La petite coquine nicha son nez dans le cou parfumé d’Anatole et murmura : "Humm, Grand Papi, tu sens très bon, c’est quoi ?" Il répondit attendri : "Aaah, ça ma petite coquine, chuuut, c’est un secret..."

Au loin, une voix maternelle ordonna : "Juliette ! Veux-tu bien laisser Grand Papi tranquille. Viens-là, viiite !"
La petite furie partit à toutes jambes et il la vit, ELLE, entrer et s’avancer au bras d’un de leurs petits fils, Virgile, l’aîné de ceux-ci. ELLE, l’Amour de toute sa vie, ELLE, sa femme, sa compagne, son amie, son âme de coeur. Il était encore toujours, après 50 ans de vie commune, subjugué par cette lumière qui brillait dans les yeux noisettes de sa bien aimée. Cette flamme si jeune et si vivante. Malgré son grand âge et ses longs cheveux blancs sagement et élégamment attachés, Léonie, son épouse, était divine dans cette superbe robe à godet rouge carmin. Il se leva afin de l’accueillir avec ce si joli bouquet d’iris bleus, ses fleurs préférées. Ses mains tremblaient d’émotion.

De l’entrée, Léonie ne vit plus que lui, son cher et tendre, son Anatole, sa force et sa flamme de vie. Elle le regarda avec une infinie tendresse. Elle le vit tel qu’il était, grand, digne avec une allure un peu gauche qui la touchait tant. Anatole, vieil homme humblement fier, encore fort et vigoureux, avait toujours gardé cette espèce de maladresse si attendrissante de l’enfant qu’il avait été. En avançant vers lui, elle sentit le rose lui monter aux joues. Elle portait avec ravissement ce parfum, celui-là même qu’il lui offrait à chacun de ses anniversaires depuis ses 35 ans, le plus beau de tous ses anniversaires.

Tous les deux avaient, toute leur vie de labeur, été des gens à tout faire dans une famille bourgeoise. Lui s’occupait des jardins, du potager, du verger et de menus bricolages dans le domaine. Elle faisait le ménage, cuisinait et s’occupait d’habiller "Madame" lors de ses sorties. Très souvent Léonie revenait des habillages avec la joie d’une petite fille qui a pu jouer avec son nouveau cadeau. Elle disait : "Madame possède un des parfums tellement huuum, ..., le meilleur que j’ai pu sentir, il sent tellement bon, si tu savais, mon tendre. J’en ai des papillons dans le ventre à chaque fois" Cette année-là, Anatole avait fait des heures supplémentaires à la ferme du domaine afin de lui offrir ce parfum, Shalimar. Elle lui avait dit : "tu sais, mon tendre, il sent ces gousses de vanille que j’utilise dans les glaces et les flans et il sent des fleurs magiques, puis aussi il sent quelque chose qui me rappelle ton odeur suave et piquante, comme un citron juteux et sucré, un peu comme ton eau de cologne." Il lui avait offert Shalimar pour ses 35 ans. Elle en avait pleuré de joie, consciente de son sacrifice et de son amour pour elle.

C’est avec une larme au bord des yeux que Léonie se souvint du soir où son maladroit mari lui annonça penaud qu’il avait cassé la bouteille à moitié remplie de Shalimar dans le lavabo. "Mais", lui avait-il dit, "j’en ai sauvé un peu , ma douce. J’ai fait ce que j’ai pu avec la serviette de bain, elle a tout absorbé et je l’ai posée sous nos oreillers, comme ça, tes rêves seront parfumés, ma douce". Cette nuit-là, elle s’en souvenait avec griserie, ce fut celle qui ajouta du piquant et de la douceur à leurs preuves sensuelles d’amour partagé. A partir de cette merveilleuse nuit, Léonie prit l’habitude de mettre une goutte de Shalimar sur l’oreiller de son tendre à chaque fois qu’elle avait envie de goûter à sa peau. Le lendemain, tous deux étaient parfumés d’effluves empreintes du plus bel amour qui soit.

Léonie arriva près de son cher Anatole, lui prit la main et vit dans ses yeux qu’il pensait à la même chose qu’elle. Il portait Shalimar. Anatole déposa le bouquet sur le fauteuil et embrassa Léonie sur le front tout en enserrant doucement sa taille. Du fond de la salle parvenait le son d’un piano. Virgile s’était mis à jouer et à chanter "You are so Beautiful to Me" de Joe Cocker. Léonie susurra à l’oreille d’Anatole "Shalimar-moi, mon tendre". Il enlaça un peu plus fort sa taille et la fit chavirer dans une valse improvisée. Leurs yeux pétillaient d’un mystère qu’eux seuls comprenaient. "Je suis chaviré, ma douce" lui répondit-il dans un souffle.

Un soupçon de "Shalimar-moi" et une touche de "chavire-moi"

Sentez bon avec tendresse sans âge et amour infini.

"You are so Beautiful" de Joe Cocker : http://www.youtube.com/watch?v=bor44-RK44U&feature=related

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Bois Brun a commenté 1697

il y a 1 mois

Allez... Courage !

il y a 1 mois

Je ne sais pas si un message sur un post aussi vieux sera lu mais il me reste toujours du jus(…)

il y a 1 mois

Du coup c’est très Positif ou non ?

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