Vétyver
par Açai com Granola, le 28 octobre 2014
Depuis le temps que je l´attendais, cette critique... Vetyver, c´est à la fois une des périodes les plus sombres de ma vie, et le début de ma passion pour les parfums.
En 2007, après 10 ans passés au Brésil, et du fait de graves difficultés financières, j´ai pris la décision de revenir habiter en France, avec toute ma famille. C´est ainsi que j´ai appris la vie de banlieue parisienne, avec train le matin, puis métro, pour aller travailler tous les jours. Au bout d´un an, j´ai commencé à avoir le sentiment que je ne me levais que pour aller travailler, et que je rentrais chez moi pour dîner et dormir. Le vrai métro boulot dodo, quoi... Pour ne rien arranger, ma femme, qui ne parlait pas Français, n´arrivait pas à trouver un emploi et a commencé à sombrer dans la dépression. Mon bateau était à la dérive, et je me demandais si le retour en France avait été une bonne décision.
C´est alors que je me suis rendu compte que le soir, j´avais toujours entre 20 et 30 minutes d´attente à la gare Saint Lazare pour prendre mon train (quai 14 pour les intimes). Et allez savoir pourquoi, je me suis dit que comme il y avait un Sephora au passage du Havre, je pouvais y passer faire un tour le soir, histoire d´apprendre un peu sur les parfums, domaine où je n´y connaissais absolument rien. Une mouillette, deux mouillettes, j´ai commencé à m´amuser à esssayer de les reconnaître pendant le trajet en train, à me demander ce qu´on pouvait appeler un Chypre, et comment il était possible d´apprécier un oriental, etc...
Bientôt c´est devenu une passion, quelque chose qui m´amenait un peu de couleur et de lumière dans une réalité bien triste, où ma femme tentait de se suicider et était internée à l´hôpital psychiatrique des Mureaux.
Eh puis un jour je suis tombé sur Vetyver. Je l´ai pshitté sur mon poignet, j´ai senti... Et tout d´un coup j´ai été transporté... J´étais de retour au Brésil, plus précisément, dans les montagnes derrière Rio. Sur la petite route sinueuse qui joint Nova Friburgo à Teresopolis, Une odeur de bois, de forêt de mon pays de coeur, de cet endroit à la fois tropical et froid, car en altitude, de ces vallées où j´aimais conduire, m´arrêter chez l´apiculteur pour lui acheter des "pains de miel",,, Vetyver me renvoyait dans mes terres, dans mes racines, dans mon eau et dans ma pluie. J´étais plongé dans les brumes proches de la fameuse montagne du "Dedo de Deus", et j´en eus les larmes aux yeux...
Je me le suis procuré très vite et j´ai pu, le temps d´un flacon, revivre de mes souvenirs.
Depuis, le temps a passé, la passion pour les parfums n´a fait que grandir. Sont apparus bien d´autres, Gucci 2 en tête, à peu près tout ce que Hermes a pu lancer, Spice Bomb, Polo, Body Kouros, Bulgari Black, Allure Blanche, Ninfeo Mio... Sans compter auparfum, mes amis que je n´ai jamais rencontrés, Jeanne, Jicky, Opium, comme une famille qui me souriait derrière l´écran. Je me suis séparé, je suis revenu il y a un an au Brésil. Je suis venu avec mon fils, et malheureusement mes filles sont restées avec leur mère, et c´est très dur à vivre. Mais J´ai l´espoir qu´un jour, mes petites reviennent elles aussi au Brésil, pour vivre avec moi.
J´ai donc une grande tendresse pour Vetyver. Au milieu de la tempête, il m´a sauvé. Alors que j´étais en plein naufrage, ce parfum a éte mon radeau de la Méduse. Mon radeau fait de bois brut, trempé par la pluie et les vagues, me tenant plus que je ne m´accrochais, pour me ramener vers la côte. Un grand merci pour cette critique, de ce parfum qui pour moi aussi est un coup de coeur, et qui mériterait d´être bien plus connu.
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