Encre Noire
par Koimynose, le 24 décembre 2013
Bonjour à tous !
Salut à toi Barmassa ;)
Alors je radote : Je crois que ça y est, je suis dans ma phase vétiver, et ce après une longue période de malentendu, froncement de sourcils, c‘est-quoi-ton-problème, invectives excédées, tout au début, entre cette matière et mes sens néophytes. Parenthèse : Au delà de son usage en parfumerie, cette plante est vraiment étonnante : je suis tombé sur ceci en faisant des recherches ! http://www.vetiver.org/
Encre Noire, donc. Je comprends mieux ses adeptes, l’adoration (quasi) inconditionnelle dont elle peut faire l’objet. Je ne sais pas si c’est, ou sera, mon vétiver préféré, il me reste tant à découvrir. Mais une chose est sure, EN aura toujours une place de choix parmi mes trésors parfumés.
Et fumé, il est. C’est de loin l’aspect le plus marquant à mon nez. Je suis peut-être sensible à cette note. En même temps on peut difficilement la louper ^^. Je "vois" cette fumerolle dès l’entame, qui s’élève, dense, avant de se faire volutes. Je l’avais senti il y a environ deux ans, et avais gardé en mémoire quelque chose de beaucoup plus dense, de plus opaque, dans la durée. Sûrement un effet de saison, c’était durant l’été. Or maintenant je suis surpris par cette impression de transparence, de limpidité. Pourtant je le perçois plus comme un parfum noir… mat, côté texture. De l’encre mate du coup – n’ayant pas la référence cartouche watermann… Toutefois, paradoxalement, je n’arrive pas à me défaire de cette idée de transparence. Cela dit, on peut voir le mat comme une manière d’exprimer la lumière, et non de la nier (une pirouette qui Soulage !). Peut-être est-ce simplement parce que sous les notes fumées qui dominent sur moi arrivent à s’exprimer autre chose, des facettes plus végétales, j’ose dire d’un boisé aqueux (?), si ça fait sens. Autrement, cela pourrait-il venir des muscs blancs ? Je ne sais pas…
Enfin, oui, je sais une chose, que j’aime ce parfum qui démontre qu’un parfum peut avoir une architecture en apparence simple, sans fioritures, et se révéler être un véritable défi esthétique. J’aime surtout son raffinement, sous ses airs faussement rustiques, j’aime tout ce qui fait son aura mystérieuse. Je crois que c’est le genre de création qui n’a de cesse de surprendre et d’émerveiller, dont on ne se lasse pas. Du moins, est-ce là mon ressenti.
Comparaison n’est pas raison, mais il me semble avoir retrouvé quelques facettes d’EN dans Noble Vétiver de Chopard, même si ce dernier joue moins sur les aspects fumés, et se veut disons plus aéré, d’une écriture plus « poli », mais dans le bon sens du terme. Je dois dire aussi, au passage, que le Vétiver de Mona Di Orio m’avait énormément plu, lorsque senti, l’été dernier. Hélas, ce fut l’unique occasion. J’ai souvenir qu’il mobilisait un registre plus oriental, disons plus "chargé". Mais je ne pourrais en dire plus avant de l’avoir exploré une nouvelle fois...
Avant de terminer, petit racontage de life. J’ai eu un déclic, au contact d’EN. Je ne sais pas dans quelle mesure l’évocation est juste. Alors, je suis du Sénégal. J’ai la quasi certitude, maintenant, que les racines de vétiver séchées sont utilisées dans certaines préparations appelées "Thiouraye" (grosso modo, encens, en Wolof). Ce sont des préparations, souvent des mélanges, de racines, d’écorces, de bois, de résines à brûler, servant à parfumer les lieux et les vêtements (en raison de leurs vertus médicinales, antiseptiques, spirituelles, magiques etc), également utilisées traditionnellement par la gente féminine, mais aussi certains hommes, comme armes de séduction massive (ah ! le fameux débat parfum et séduction) Le résultat ? Un sillage en 10 dimensions et des pièces imprégnées… à vie !
Ce déclic a fait remonter beaucoup de souvenirs, surtout ceux liés à ma grand-mère maternelle : ses habits, sa chambre, les senteurs enivrantes libérées par les pots en verre où elle gardait, après les avoir laissé travailler des jours, des semaines, ses précieuses concoctions, une fois ces dernières arrosées d’huiles parfumées à la rose, musc, entre autres fragrances ; et j’ai repensé au réconfort, à la sécurité que toute cette atmosphère pouvait me procurer, quand il m’arrivait de dormir dans sa chambre. C’est à la fois étonnant et assez émouvant de vivre ce genre d’expérience, tout ça parce qu’une note parfumée a eu accès à votre base de données affective...
Mon impression est restée intacte, même après avoir lu que la variété de vétiver présente au Sénégal et en Afrique australe (Vetiveria nigritana – quoi ???) est sensiblement différente des variétés généralement utilisées en parfumerie (Vetiveria zizanioides). En fait, je préfère rester sur mon impression :-D
Voilà un parfum qui m’aura fait couler beaucoup d’… (à compléter – attention, il y a un piège !)
Bonnes fêtes !!!
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