Dans le potager de L’Artisan parfumeur
par Jessica Mignot - Jeanne Doré, le 6 avril 2022
La marque dessine les contours olfactifs des légumes oubliés de la parfumerie avec une nouvelle collection comprenant Tonka blanc, Vétiver écarlate, Musc amarante, Iris de gris et Cédrat céruse.
C’est en hommage à son créateur Jean Laporte que L’Artisan parfumeur présente sa nouvelle gamme de cinq parfums s’inspirant des légumes du potager. Amoureux des plantes odoriférantes, celui-ci avait en effet créé à Mézilles son « Jardin du parfumeur », qui devient l’une de ses grandes sources d’inspiration, « sa muse, son terrain de jeu créatif. » Si celui-ci avait lancé une Eau de Céleri en 1978, qui avait été suivie en 2000 par Une Fleur de carotte, ce sont notamment les ingrédients récemment entrés dans la palette qui ont permis aux parfumeurs « d’explorer le végétal à travers de nouveaux champs olfactifs. »
Alexandra Carlin a ainsi utilisé un alcoolat de chou-fleur « issu de l’upcycling des sous-produits de l’industrie alimentaire », obtenu grâce au procédé d’extraction Symtrap de Symrise, pour créer Tonka blanc, « premier parfum du marché à contenir un extrait naturel de légume. » Elle s’est inspirée du cheesecake chou-fleur, vanille, coco et fève tonka de la cheffe naturopathe Jennifer Hart-Smith pour composer cet « hespéridé ambré, où la bergamote et le chou-fleur rencontrent la douceur de la fève tonka. »
Quentin Bisch a quant à lui signé les quatre autres parfums de la gamme, en cherchant à « habiller le légume d’une matière plus classique pour garder une part de mystère. »
Avec Vétiver écarlate, il a notamment travaillé « le côté fruité-acidulé des feuilles de tomate », en les mariant au pamplemousse et à la racine qui donne son nom à la fragrance.
Dans Musc amarante, « la minéralité terreuse de la betterave est mise à l’honneur » par un accord betterave mêlé d’ambrette et de musc.
Pour Iris de gris, « la verdure crue du petit pois » est mise en relief par le galbanum, la bergamote et l’iris.
Enfin, Cédrat céruse est un jeu sur « la fraîcheur vive et anisée du fenouil », autour d’une essence du légume, de baies roses et de cédrat.
La collection, que la marque désigne comme un « retour aux sources qui s’inscrit dans toute une tradition française, du Potager du roi à Versailles » jusqu’à la « cuisine végétale élevée au rang d’art par certains chefs célèbres comme Alain Passard », se distingue également par son packaging, avec son imprimé toile de Jouy qui « met à l’honneur l’art de vivre à la française. »
Eaux de parfum 165 euros/100 ml
Disponibles
Premières impressions
Cette collection constitue une réelle bonne surprise, renouant avec l’esprit d’origine de la maison : des parfums inspirés des odeurs du quotidien, traités avec délicatesse, surprise et fraîcheur.
Même s’ils ne sont pas vraiment révolutionnaires, car on y retrouve des matières désormais souvent utilisées (vétiver, iris, même la betterave…) celles-ci sont habillées avec ce qu’il faut de décalage pour donner immédiatement envie de les porter. Le contraste entre la couleur des jus, les noms et les notes constitue aussi ce qu’il faut d’étonnement, comme des trompe-l’œil olfactifs.
Dans Vétiver écarlate, la feuille de tomate verte et le pamplemousse soufré lui donnent des airs de Colognes d’Hermès, sans faire perdre à la racine pour autant son caractère fumé et terrien.
Cédrat céruse ose mettre le fenouil sur le devant de scène, comme rarement on l’a vu, dans un halo hespéridé et végétal.
Si le nom d’Iris de gris rappelle un grand classique disparu, il n’en garde rien olfactivement : c’est un joli accord de légumes crus et croquants, petit pois, haricot vert, figurés par le galbanum, qui s’adoucit d’un iris discret.
Enfin dans Musc amarante, c’est une betterave terreuse mais juteuse qui est la star, enrobée de muscs et de notes végétales. J. D.
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par Blanche DuBois, le 6 avril 2022 à 16:12
Tonka, iris, cédrat, vétiver... il y en a partout dans la niche déclinés à toutes les sauces ! Rééditer l’Eau de Céleri aurait été plus astucieux et quelque part révolutionnaire que d’inonder le marché d’un énième tonka. Quant à "Iris de Gris" qui n’est même pas un hommage au cultissime classique de Jacques Fath, c’est gonflé. Jean Laporte en 1978 était un véritable parfumeur indépendant, créatif, innovant comme on en fait plus. L’AP aujourd’hui est une marque de parfums commerciale comme une autre.
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par Farnesiano, le 6 avril 2022 à 17:16
Pour Maître Parfumeur et Gantier, Jean-François Laporte était l’auteur, en 88, du fabuleux Iris Bleu Gris, une création merveilleuse, toute de noblesse, de force, et à la fois d’élégance et de style. C’est un iris vert, à la fois terreux et musqué, auquel un jasmin délicat, arrondi d’une fine note vanillée, offre une cœur de toute beauté qu’un fond boisé, fait de vétiver et de mousse de chêne, prolonge et masculinise subtilement. Ce numéro des " Caprices du Dandy " séduira bien des dames qui s’y adonneront aisément... avant peut-être de se l’approprier.
Il y avait L’Iris de Fath, le Gris Bleu de MPG, et voilà l’Iris de Gris (Qui donc est ce Monsieur Gris ?) Mystère et Mistigri !
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