Auparfum

Blog & parfum, et moi, et moi, et moi...

30 avril 2010, 17:12, par Tim Buktu

Il n’est pas nécessaire d’avoir une connaissance étendue d’un siècle de parfumerie pour pouvoir pouvoir écrire un billet sur un parfum, qu’il soit d’hier ou d’aujourd’hui.

Puisque la comparaison avec la littérature a été lancée (et je trouve que c’est une comparaison parfaitement pertinente) on peut s’inspirer de 3 exercices classiques et bien connus des étudiants en lettres :

1. l’explication de texte
2. le commentaire de texte
3. la dissertation

L’explication est d’abord un exercice centré sur le texte, sur sa structure, sur son sens, en s’appuyant sur le vocabulaire et la syntaxe du texte ainsi que sur les figures littéraires (métaphores, etc).

Le commentaire de texte est un exercice plus élaboré qui nécessite des connaissances en dehors du texte lui-même sur les auteurs qui l’ont précédé et sur l’histoire des genres littéraires et des mouvements culturels (pour identifier si un texte est subversif, s’il renouvelle le genre ou s’il rend hommage à la tradition).

La dissertation est l’exercice le plus ambitieux puisqu’il vise à traiter une question de fond de manière équilibrée mais en prenant parti, et qu’il mobilise les connaissances les plus vastes.

Les blogs sur les parfums supportent très bien cette analogie : il y a les explications de parfums (identifier les notes, repérer les structures classiques comme les chypres, décrire le sillage et la longévité), les commentaires de parfums (situer un parfum par rapport à ses prédécesseurs, se demander si il est typique de son époque) et les dissertations parfumées (y a-t-il des reformulations réussies ? qu’est-ce qu’un parfum "importable" ?).

Bien sûr on lit Proust différemment quand on connait bien l’oeuvre de Racine, de Balzac ou de Saint Simon. On y reconnait des allusions, qui tournent parfois au pastiche, que ne voit pas le lecteur moins cultivé. Mais cela n’empêche pas qu’on puisse connaitre à fond son oeuvre (ou une partie seulement) pour l’avoir lue et relue, et en parler avec passion et justesse, sans connaitre les références à Racine et Balzac. Et ce n’est pas parce que Guy Robert a un jour écrit, au sujet de sa propre création, Calèche, qu’il y voyait une note de "femme qui se néglige", que cela doit empêcher à jamais d’écrire à nouveau sur Calèche et clore la discussion. Les grands créateurs voient quelque peu leurs oeuvres leur échapper, et on ne sent peut-être pas Calèche aujourd’hui comme il y a 50 ans.

Pour terminer, un scoop. L’Heure Bleue a bien été créée par Proust :)

"Avant que j’entrasse souhaiter le bonjour à ma tante, on me faisait attendre un instant dans la première pièce où le soleil, d’hiver encore, était venu se mettre au chaud devant le feu, déjà allumé entre les deux briques et qui badigeonnait toute la chambre d’une odeur de suie, en faisait comme un de ces grands « devants de four » de campagne, ou de ces manteaux de cheminée de châteaux, sous lesquels on souhaite que se déclarent dehors la pluie, la neige, même quelque catastrophe diluvienne pour ajouter au confort de la réclusion la poésie de l’hivernage ; je faisais quelques pas du prie-Dieu aux fauteuils en velours frappé, toujours revêtus d’un appui-tête au crochet ; et le feu cuisant comme une pâte les appétissantes odeurs dont l’air de la chambre était tout grumeleux et qu’avait déjà fait travailler et « lever » la fraîcheur humide et ensoleillée du matin, il les feuilletait, les dorait, les godait, les boursouflait, en faisant un invisible et palpable gâteau provincial, un immense « chausson » où, à peine goûtés les arômes plus croustillants, plus fins, plus réputés, mais plus secs aussi du placard, de la commode, du papier à ramages, je revenais toujours avec une convoitise inavouée m’engluer dans l’odeur médiane, poisseuse, fade, indigeste et fruitée du couvre-lit à fleurs."

Marcel Proust, Du côté de chez Swann (1913).

En cherchant en peu on doit bien pouvoir prouver que Catherine Millet était le nez derrière (si j’ose dire) Sécrétions Magnifiques.

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