Parfum et musique : accord parfait ou dissonance ?
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Compositrice de fragrances indépendante et rédactrice pour Nez, la créatrice nous explique comment le parfumeur se joue de notre odorat avec sa palette.
hier
Bonjour Dioressence ? Je ne sais pas si on peut le qualifier de sec mais une fine brume de(…)
Lavande délavée
Église en flammes
Fraîcheur souterraine
Je viens d’écouter du Cohen et je tombe sur cette rubrique. A la question posée ci-dessus, je réponds que les chansons du Léonard ne sont pas ambrées. Chyprées, je ne sais pas. Je trouve qu’elles sont vétyver. Ou peut-être est-ce le personnage. Pour Tacoma trailer, mélancolique et lente : à coup sûr Tilleul d’Orsay, Mimosa de Fragonard ou Grand chalet de Villatte.
Tow Waits : quelque chose de rebutant et beau à la fois : Yatagan, Kouros, Antæus, quelque chose avec de l’ambre gris, du café, du tabac, du cuir, de l’animal et du fécal. Et peut-être un peu de lavande, pour la tendresse à fleur de peau (chanson All the world is green avec Le 3ème homme).
Un peu hors-sujet, car ce sont des associations indirectes, pas des sensations spontanées : les parfums à la violette (Misia) me font penser à Reggiani (La putain) :
Et son parfum de violette
Quand on entrouvrait la fenêtre
Nous descendait au fond de l’âme.
La tubéreuse me rappelle le doux Nino (Barberine) :
Mais je n’ai jamais pu pénétrer dans son jardin secret
Et parfumé de tubéreuses.
Guerlain me renvoie à Gainsbarre (Initials B.B.) :
Elle ne porte rien d’autre qu’un peu
D’essence de Guerlain dans les cheveux.
Ces vers sont responsables de l’aura mystique que j’attribuai à Guerlain dès l’adolescence, et encore un peu maintenant. D’ailleurs, cela me turlupine encore qu’aucun Guerlain ne s’appelle "Essence", et j’aimerais savoir à quelle potion Serge pensait spécifiquement : sortie avant 68, super-envoûtante. Vol de nuit ?
Shalimar, j’ai du mal à le prendre au sérieux comme le mériterait une telle légende, à cause de Renaud (Chanson dégueulasse, pas sa meilleure...) :
...Y verse dessus les plus doux parfums
Shalimar, Opium et Ajax WC.
Opium m’est évoqué quand j’imagine la scène décrite par le Grand orchestre du Splendid dans Macao, ou quand j’en mate le clip. De même pour Chinatown Paris XIIIème de Lavilliers, et One night in Bangkok de Murray Head.
L’ambiance de l’album de Lavilliers Nuit d’amour colle à Poison : obscurité, séduction, danger.
J’ai shooté ceux qui rodent autour
De tes fesses musclées et félines
Pour mon unique et clandestine
Nuit d’amour.
Quelques autres associations directes mélodie-parfum. L’ouverture de Carmina Burana serait Duc de Vervins : à fond, vieille école, sans retenue. Le final de Götterdämmerung, bien plus lourd : Empreinte, Création, Galop. Pour la chevauchée des Valkyries, avec ses cuivres, ce serait quelque chose de tonitruant, au sillage atomique, je pense à Oudh infini de Dusita. Le duo des fleurs de Lakmé et l’interlude de Cavalleria rusticana seraient un floral lumineux, diaphane, léger, fragile, comme Soleil, Brindille de Galimard, Diorissimo ou Anaïs Anaïs. Eden, ce serait du Tchaïkovski ou du Satie : déroutant.
Pour Les Marquises il faudrait quelque chose de limpide, peut-être l’Eau des merveilles ou Un jardin sur le Nil, ou une simple eau de Cologne Bien-être.