N°01 Odoration
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Compositrice de fragrances indépendante et rédactrice pour Nez, la créatrice nous explique comment le parfumeur se joue de notre odorat avec sa palette.
il y a 17 secondes
Bonjour, j’adore ce parfum, il me reste un fond de flacon que j’économise. Il devient(…)
il y a 15 heures
L’actuelle version EDP, testeur neuf en grand magasin, n’est franchement pas à négliger. Moins(…)
Lavande délavée
Église en flammes
Fraîcheur souterraine
Après cette très belle critique (merci Olivier R.P David pour ces mots !), j’ai été hantée par ce parfum pendant plusieurs jours. N’y tenant plus en voyant qu’il était possible d’obtenir un échantillon, je l’ai demandé, poussée par une obscure intuition et par un enthousiasme difficilement dissimulables. Je l’ai reçu aujourd’hui, et quelle surprise, quelles évocations me viennent en le portant à mon nez !
J’adore son départ camphré qui s’enroule autour d’une structure hyper verticale posée sans concession. Dans sa rigidité, il m’évoque la Justice ou la Maison-Dieu du Tarot de Marseille.
Le givre du camphre ne dure que quelques secondes sur moi, avant que l’ylang n’impose sa majesté. Personnellement il m’apparaît un peu raide, un peu austère et presque inquiétant. Ce côté lié à une facette un peu aqueuse (une légère humidité, loin du trempé de Ninfeo Mio par exemple) font apparaître un cheminement dans une forêt vierge complètement inconnue au crépuscule, où l’on entend crier, grogner, gratter sans voir aucun animal autour, où l’on se sent épié. Ici, on nous fait comprendre qu’on est pas chez mémé, c’est la forêt qui décide et elle nous accorde un sursis en attendant de voir si on est assez courageux et digne d’elle.
De temps en temps, le parfum disparaît presque, puis revient presque en hurlant, comme un jaguar tapi dans l’ombre se rappelle à votre bon souvenir en feulant pour vous dire "Je te voiiiiiis... Ne te repose pas trop longtemps ou je te croque !".
En même temps que cette austérité, il y a quelque chose de vraiment torride dans ce parfum sans que je puisse mettre précisément le doigt dessus. S’il devait être un tableau, pour moi il serait "La Charmeuse de serpents" du Douanier Rousseau, qui réunit très bien pour moi la moiteur, la sensualité et le côté inquiétant.
Il m’est un peu difficile en ces temps beaucoup trop chauds (je l’ai supplié de se baumer, de s’arrondir pour se fondre à ma peau, il m’a regardé avec un air hautain et m’a ri au nez !), mais j’ai hâte de le porter cet hiver !