Palissandre d’Or
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Compositrice de fragrances indépendante et rédactrice pour Nez, la créatrice nous explique comment le parfumeur se joue de notre odorat avec sa palette.
il y a 10 heures
L’actuelle version EDP, testeur neuf en grand magasin, n’est franchement pas à négliger. Moins(…)
Lavande délavée
Église en flammes
Fraîcheur souterraine
Par jeu, mais aussi surtout par défi personnel, j’ai pour une fois résisté à l’envie et à la curiosité d’aller lire la critique de ce parfum sur le site, où de consulter sa pyramide olfactive sur internet (si si, je le jure, pas une seule ligne n’a été lue).
Palissandre d’Or : rien que dans son nom, tout est (presque) dit : on aurait donc affaire à un boisé précieux, le palissandre étant un bois exotique provenant d’un arbre de la forêt tropicale de Madagascar et d’Amérique, dont la teinte va du gris au rouge.
L’or quant à lui accentue l’idée de quelque chose de précieux et illumine les tons ocres de sa lumière vive et chaude, avec une pointe de jaune : on est assurément dans des teintes chaudes qui annoncent donc une fragrance opulente et ambrée.
Un bois onéreux qui s’associe au métal le plus emblématique , le plus représentatif des richesses dont l’homme puisse rêver, et qui encore aujourd’hui jouit d’une aura indétrônable, ne serait-ce pas le petit frère du puissant et décadent Bal à Versailles ?
Mes souvenirs de ce dernier sont trop confus pour que je confirme le lien de parenté, mais ce Aedes de Venustas (marque que je ne connais absolument pas) semble bel et bien le cousin de Tam Dao et Habit Rouge réunis, à moins que ce ne soit la version fumée du magnifique Coromandel allié à Mon Parfum Chéri et ses notes d’alcool de prune et de moisi.
Ce n’est pas une pyramide olfactive qui me vient à l’esprit mais davantage un arbre généalogique dans lequel Palissandre d’Or apparaît comme la descendance d’un Diptyque accouplé à un Guerlain.
A moins que ce ne soit Chanel qui ait fauté avec Goutal.
Vous l’aurez compris, je trouve Palissandre d’Or très beau, et j’apprécie son opulence et son caractère bien trempé.
Tour à tour liquoreux, lacté (santal ?), ambré, épicé (cannelle ?) boisé, mais aussi vanillé et fumé dans son évolution, et dont les notes de fond s’évanouissent en prenant leur temps, dans un sourire carnassier.
Un parfum généreux et direct que j’imaginerais bien sur Daniel Craig conduisant une Bentley décapotable, impeccable dans son costume cravate , sûr de lui, conquérant.
Eh oui, un tel parfum ne supportera pas le jogging ou un look débraillé.
Avec un tel nom, un peu de tenue voyons !