La vie est belle
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Compositrice de fragrances indépendante et rédactrice pour Nez, la créatrice nous explique comment le parfumeur se joue de notre odorat avec sa palette.
il y a 24 secondes
Bonjour Giovanna, Bottega Veneta semble en effet discontinué. Vous pourriez aimer "Esquive" de(…)
il y a 1 minute
Bonjour Clau. Il n y a pas si longtemps, j’ai trouvé Prada Amber sur un stand Prada au Printemps(…)
Lavande délavée
Église en flammes
Fraîcheur souterraine
Bonsoir Tambourine.
Malgré la longueur de mes pavés, il manque encore des informations... C’est pour cela que je fais long, tenter d’être complet à défaut d’être bref.
Je vais préciser un point : Je suis d’accord avec toi, la privation actuelle des occidentales/taux ne doit pas être la seule raison à la tendance hyperglycémiante en parfumerie.
Bon, je vais tenter de ne pas recracher tous mes cours de psycho... ^^
Dès lors que l’on discute de comportements humains, complexes dans leurs causalités même quand ils sont primaires, la plurifactorialité joue souvent. Rien n’est simple. Sinon, il serait facile de prédire tels ou tels comportements. Or, pour le moment, cela reste fort difficile. Et, tant mieux. Ainsi, les déterminants de la sexualité humaine, ce besoin primaire, sont d’une complexité inouïe. L’alimentation également.
Prenons la prise alimentaire comme exemple justement : Elle est déterminée par une sensation de faim biologique. Puis, une satiété déclenchée à peu près vingt minutes après la prise alimentaire. Cette satiété dure plus longtemps avec les graisses et les protéines qu’avec le sucre. Quand on mâche beaucoup, on absorbe moins de nourriture et la satiété s’enclenche plus vite. Voilà pour quelques facteurs physio-biologiques très très raccourcis. Je suis navré, auprès des spécialistes, des raccourcis que je suis, pour les besoins de la démonstration, obligé de faire.
Mais, des facteurs psycho-sociaux environnementaux interviennent également. Dans un pays où la malnutrition règne, il n’y a pas d’obèses. S’il n’y a pas de tentations, il n’y a pas de débordements. Tel n’est pas le cas dans les pays occidentaux. Mais, cela serait trop simple et culpabilisant ainsi. Tous, avec le même mode alimentaire, ne vont pas, phyiologiquement, réagir de la même façon ; certain(e)s grossissent, d’autres non. Et, enfin, exposé(e)s à aux possibilités diverses en matière de nutrition, pendant que certain(e)s contrôlent, d’autres profitent ; la plupart mêlent les deux, privation et lâcher prise, en alternance.
Comme nous le disait un(e) prof : Souvent, bien qu’on ait fini de manger, on craque pour un dessert ou une viennoiserie ou un carré de chocolat, alors que l’on n’a plus faim. Car c’est bon ! C’est sucré et tentant. La satiété est mieux gérée avec les aliments salés qu’avec les aliments sucrés. Face au sucre, la satiété n’apparaît que peu. Ma maman avait un truc : Elle mangeait sa pomme avant le repas. Ainsi, en concluant sur le plat principal, plus d’appétit. Mais, si elle le faisait, c’est car elle grossissait facilement.
Pourquoi cette digression ? Pour expliquer la complexité du rapport à la nutrition. Comme tu l’expliquais, Tambourine, si on a appris certaines choses petit(e), qu’on les a associées à des moments agréables, mémorisées favorablement, il est possible de les apprécier à l’âge adulte à nouveau. Mais, parfois, on peut apprendre sur le tard. Mais, il faut en avoir à la fois l’envie et les moyens d’en avoir envie. Vaste problème...
Revenons au sujet du rapport entre sucre et parfums.
L’appétence naturelle pour le sucre a sauvé l’humanité, lui permettant, durant des millénaires de disette, de choisir les aliments les plus riches, et, ainsi, de survire. Béni soit le sucre. Sans lui, nous n’échangerions pas sur ce forum ! ;-)
Il est naturel d’aimer, donc, le sucre. Or, beaucoup de personnes, la plupart en fait, associent l’olfaction et l’alimentation. Pas tou(te)s, mais, la plupart.
Pour préciser ma pensée : Je suis convaincu qu’il y a un rapport entre alimentation et goûts en matière de parfums. L’éducation, comme tu l’indiquais, est primordiale.
Mais, cela peut se manifester de bien des manières différentes. Et, là, j’avoue juste une règle de base en psychologie : Identifier un lien est facile, en identifier l’orientation, la causalité, l’est beaucoup moins.
- Certain(e)s vont adorer les sucreries sous toutes leurs formes. Ils les mangeront et les porteront. D’autres vont satisfaire ce plaisir dans un cas et pas dans l’autre : Soit ils/elles mangeront sucré, soit ils/elles se parfumeront sucré. En mangeant sucré, pour elles/eux, le plaisir est satisfait, pas besoin de s’asperger d’éthyl maltol. Pour d’autres, rigoureux, privé(e)s en alimentation, il y aura compensation parfumée.
- Certain(e)s, qui se privent un peu dans le quotidien, la reduction d’attirance pour le sucre se manifeste aussi dans les parfums. On n’aime pas le sucre, sous quelque forme que ce soit... Voilà pour le présent.
Qu’est-il possible de prévoir pour le futur ? Pas grand chose sur le long terme en fait. Que va-t-il se passer avec les habitué(e)s aux parfums sucrés ? Là, encore, que des hypothèses, et contradictoires (sinon, ce ne serait pas drôle...) :
- Une overdose boulimique avec toujours plus de sucre. Les odeurs (saveurs) sucrées étant si puissantes qu’elles réduisent les seuils de perception au reste. Ainsi, les amatrices/teurs de sucre, ne percevraient que de moins en moins les notes plus subtiles et s’en éloigneraient.
- Ou, au contraire, par effet de saturation, par "quasi coma diabétique parfumé", les plus fondu(e)s de parfums sucrés finiraient un jour par s’en éloigner...
Tout est possible. On peut changer aussi durant sa vie. Et, revenir sur ses changements... J’ai été un grand fan d’orientaux opulents racoleurs surpuissants qui écrasaient tout. Aujourd’hui, j’apprécie la finesse de certains verts et leurs subtilités que je ne détectais pas dans le passé.
Combien de femmes déclarent ne pas pouvoir se passer de "leur" Angel ou de leur Opium et ne plus rien sentir en comparaison et tout trouver "trop léger" ? Mais, combien, aussi, déclarent, après 2, 5, 10, 15 ou 20 ans d’usage passionné (et immodéré du nombre de pshitts) de leur(s) chouchou(s), ne plus pouvoir supporter ces odeurs qui les écœurent et vouloir des parfums "low profile" ?
Pour la blague, lors de mon retour du test des "sirops de parfums", j’ai un peu rapidement fait quelques abus rapides de langage.
Mais, en matière d’utilisation de parfums, s’agissant d’un comportement humain, qui est à la fois un message pour soi et pour les autres, pour partie inconscient, prescient et conscient, pour partie géré et pour partie dicté par l’inconscient, je ne me permettrai pas de généralités abusives. ;-)
Pour moi, il y a bien un lien entre préférences et pratiques alimentaires, éducation, histoire passée, souvenirs etc et préférences en matière de parfums. Il serait très intéressant d’ailleurs de mener des recherches approfondies dans ces domaines. Mais, en l’état actuel, il y a plus de questions que de réponses.
Je ne me permettrai qu’une unique constatation :
- Compte-tenu de l’appétence naturelle pour le sucre de la part de l’humain, et,
- étant donné, afin de satisfaire à certains critères de santé et/ou esthétiques, qu’il est nécessaire pour certain(e)s de contrôler cette appétence naturelle dans un environnement où les tentations foisonnent...
- il ne me semble pas du tout étonnant que la parfumerie, pouvant aujourd’hui satisfaire de manière détournée en partie cette appétence, soit devenue un substitut ou un prolongateur de l’envie de sucre.
Et, je parie que cela va durer encore un peu. On va voir les "pro" et les "anti" ; d’ailleurs, on le voit déjà. Il suffit de lire les commentaires, ici ou ailleurs, pour mesurer les diversités d’opinions. ;-)
Bref. Merci pour ton commentaire Tambourine.
J’espère avoir été clair. Pour moi, il y a bien un lien. Mais, de là à faire de la prospective sur vingt ans, je ne m’y risquerai pas...
Bonne soirée
Opium
PS : Ça me fait toujours sourire quand on décrit dans des pages de journaux "sent l’accord classique superbe féminin de rose et de jasmin"... Je pense que cela "parle" seulement aux 3% (maximum) de personnes citées par Jicky. Qui sait, en dehors des passionné(e)s de parfums, de botanique ou les fans de jardinage, ce que sentent le jasmin, l’iris (mais, ça, c’est dans un autre sujet en ce moment même, hein LVEB ?), l’héliotrope etc ? Ce sont des mots que l’on croit partagés, tout le monde aquiesce de manière entendue, montrant le signe habituel de l’entendement partagé, mais, certain(e)s qui font "oui oui" n’ont aucune idée de quoi il est discuté, mais n’osent pas le montrer. Bon, la rose, ça va, la plupart savent à peu près de quoi il s’agit. Enfin, "la" rose, laquelle, il y en a tant ?
[Mode "Digressif" OFF]
NB : Cette discussion est fort intéressante.