Auparfum

Miss Dior

Lady of Shalott

par Lady of Shalott, le 11 mars 2015

Un article plein de ressources, en effet, pour se repérer dans cette jungle mais j’aurais souhaité une petite analyse sur le blooming bouquet (je suis incapable de l’analyser et de comprendre pourquoi il me paraît insipide pour reprendre le terme si approprié utilisé plus haut pour ses consœurs). La même pour l’extrait.

En effet, je suis en pleine phase de tergiversations métaphysiques sur Miss Dior. C’est une gamme avec laquelle j’entretiens un rapport tout à fait malsain d’attirance-répulsion.

Je m’explique.

Le marketing est un puissant remède à la vacuité d’un produit. Lors de la sortie de Miss Dior Chérie, j’étais jeune, inexpérimentée, et le nom caressant de la fragrance, à l’instar de Petite Chérie d’Annick Goutal (que je n’ai du coup jamais sentie), associé au concept jesuisjeunefraîcheheureuseaiméeetclasse a su m’ensorceler. Je sniffe la praline décrite par Jeanne et je me sens acquise !

Mon premier parfum était le Lolita Lempicka. Je suis une gourmande invétérée.

Mes moyens sont limités à l’époque et après avoir essayé trois fois ce Miss Dior Chérie, je lui préfère tout de même l’eau des quatre reines de l’Occitane, peut-être davantage « mémé » mais j’ai su privilégier les roses sans prétention avec leur background un peu terroir au tapage médiatique qui ciblait trop la cagolita à peine sortie de l’adolescence, invertébrée et prête à s’extasier sur la tour Effel, un rosier et des macarons… comme quoi une sorte d’instinct de survie esthétique était déjà à l’œuvre à mon propre insu (amen).

Des années plus tard, plus prospère, je retourne sniffer ce qui est devenu Miss Dior et je n’y retrouve pas le même plaisir olfactif. Quid de mon caramel ? Où est ma gourmandise ? J’imagine que le changement de formule décrit par Jeanne m’a dérouté. Avec mon nez novice, j’ai pensé que, de même que passer du Lidl au Pierre Hermé implique qu’on a du mal à retourner au premier, mon nez était maintenant trop habitué à du véritable parfum (hommage au 24 rue Saporta, parfumerie aixoise aujourd’hui disparue, dont les charmantes vendeuses ont été les artisans laborieux de mon initiation à la qualité) pour apprécier encore de la flotte parfumée sans âme. Je me rabats sur Louve de Lutens. Ma gourmandise dorénavant.
Je découvre « au parfum » dans la foulée.

Aujourd’hui, bien qu’adhérant parfaitement aux réactions d’écœurement quant à la malhonnêteté de la maison Dior, qui impose sa nouvelle Miss comme l’authentique chypre des débuts, tout à fait consciente que ce parfum n’a AUCUN charme, je ne puis m’empêcher de désirer parfois posséder cette bouteille si girly en format géant dans ma salle de bain et de me rouler dans des roses sans épines en souriant béatement… Le pouvoir de la pub.

J’imagine que cette longue confession vous paraîtra sans grand intérêt mais je tenais à témoigner en tant que public cible du marketing Miss Dior de l’efficacité redoutable de ce dernier. Je pourrais me lancer dans un commentaire à la seconde près sur le dernier spot version director’s cut mais je préfère vous raconter une anecdote qui m’est arrivée hier dans une parfumerie aixoise renommée que je ne citerais pas mais que certains reconnaîtront sans mal. Juste histoire d’ajouter de l’eau à votre moulin :

J’avise dans la vitrine d’une des trois parfumeries de l’enseigne une série de flacons Miss Dior Flétrie dont une miniature de l’EDP hyper kikougnoutte. Voici enfin mon salut ! Le flacon, sans le parfum. N’était-ce pas ce que je souhaitais au fond : le marketing sans la puanteur ! ^^ Je fonce.

Je suis reçue. Je demande à la dame les conditions pour obtenir la miniature sur laquelle j’avoue avoir flashé. Sans surprise, j’apprends qu’il faut acheter un produit Dior. Résignée, j’en profite pour réclamer des échantillons de toute la gamme afin de pouvoir m’exorciser une bonne fois pour toutes de miss flétrie. Je choisi d’acquérir la brume pour les cheveux, peu onéreuse, joli flacon (ah ! la déco !) ; j’ai terminé ma brume capillaire Coco Mademoiselle : je sais que j’aurai donc le même type de produit avec moins de cachet (et si ça pue trop, j’en mettrai dans mon sac, mes WC, ma poubelle et sur les copies des élèves qui méritent un châtiment !).

Je le sens bien, je passe un peu pour la pingre désargentée affamée d’échantillons gratuits qui est sans doute le monstre qui hante les nuits de la plupart des vendeurs aixois.
Un peu agacée par les louanges que la vendeuse entonne à la gloire de Miss Dior, je ponctue la transaction de questions innocentes : « Auriez-vous l’extrait ? » « Vous voulez dire le parfum ». Je répète que, bien que les mots soient en théorie synonymes, c’est bien l’extrait que je recherche. La dame, visiblement persuadée que je n’y comprends rien, me sort « le parfum » : soit 117 euros environ les 75ml. Je lui dis « Vous êtes sure que c’est du parfum ? C’est bien peu cher pour de l’extrait. » Et mordicus, elle m’assure que c’est bien LE parfum ; la concentration la plus forte… Devant tant d’ignorance érigée en science, je dis « ah, d’accord, merci ».
Je lui fais part ensuite de ma nostalgie de l’ancienne formule, celle de Miss Dior Chérie, mais elle relève à peine, ignorant probablement un tel changement. Je lui dis que j’ai vu sur une critique (Jeanne <3) que l’eau de toilette est probablement la fragrance qui se rapproche le plus de l’ancienne formule et lui demande ce qu’elle en pense… Je vous le donne en mille mais vous le trouverez en un : elle m’explique savamment que la seule différence entre les diverses Miss Dior est affaire de concentration…. Youhouuuuu !!!!! Je me gausse intérieurement mais je ne cherche pas à la décrotter. Je fais un tour sur les étals pour regarder les dernières sorties make-up. Je surprends la stagiaire faisant des mimiques à la vendeuse… visiblement, elles me trouvent drôle ^^ probablement pas autant que moi ^^

Mon tableau s’achève sur ma vendeuse, aimable et professionnelle, qui me propose de me parfumer. Bien sûr ! Mais avec quoi ? Miss Dior… Non merci, n’auriez-vous pas plutôt quelque chose à me faire découvrir ? La petite robe noire eau fraîche… non merci (overdose de girly ! Je souhaiterais profondément me ressourcer les naseaux à l’ombre d’un parfum profond mais n’ose en parler de peur de paraître encore plus dingue). Le nouveau Cartier… Ah ! Oui !!! (Depuis la critique de Jeanne, j’ai en projet de le sniffer). Un nuage m’enveloppe, mi-Vétiver de Creed (le seul vétiver que je connaisse) mi-Déclaration ! Tout ce que j’aime en parfum d’homme mais dans une version bien plus androgyne. Alleluia ! Je dégaine ma carte deux fois plus vite que mon ombre. Ce sera l’EDT spécial canicule de notre couple.

C’est sur ce doux armistice extatique que je quitte ma vendeuse, probablement empreinte du sentiment de satisfaction du commercial qui a réussi à trouver chaussure au pied du client, même le plus saugrenu !

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