Auparfum

Collection Ianco : Gelsomino, Zagara, Mandorlo

nnis

par nnis, le 7 juillet 2017

Comment dit-on "chaud" en italien ? Je trouve "caldo" sur Internet. Ça sonne bien IANCO CALDO. Plus que la blancheur, c’est la chaleur qui unit ces trois parfums.

GELSOMINO

C’est une concoction tiède de mandarine et de citron très doux, un yuzu peut-être, qui donne le ton. Puis il s’agit d’une conversation entre le jasmin, l’ylang-ylang et le frangipanier, un bouquet blanc et jaune un peu obsessionnel. La température monte encore d’un cran. On perçoit quelque fraîcheur quand apparaît dans une dernière note une jeune et croquante feuille de violette sur tapis de musc.

Je ne retrouve pas le santal et le vétiver annoncé au générique. La facette sucrée semblait très attendue, mais il n’en n’est rien, et c’est une bonne nouvelle. C’est l’été, un coup de chaud dans le jardin, c’est propre, floral, exotique.
Voila une eau qui fonctionnera bien cet hiver.

ZAGARA

Si GELSOMINO s’aventure plus loin que la Sicile (probablement jusqu’en Polynésie), ZAGARA se dévoile clairement méditerranéenne. Un petit village en hauteur, un chemin l’après-midi, les dents dans les écorces d’oranges et de citrons. Acide, mais toujours caniculaire.

Puis c’est la fête au néroli, solaire, puissant, triomphant. Avec la particularité, certes furtive, d’évoquer la chair de l’orange. Un peu à la manière fruité et juteuse de PAMPLEMOUSSE ROSE (Hermès). Voila une note de cœur qui mérite amplement la mention "soliflore". A force de chauffer, la fleur d’oranger se charge subtilement de sucre. Je pense à l’odeur des navettes, le biscuit marseillais.

Pour finir, de très légères notes de lavandes, de fougères et de muscs font lentement glisser le parfum vers une belle Cologne ancienne, un peu barber shop. Je pense à ST. CLEMENT’S (Heeley). Bref, ZAGARA est une eau naturaliste vintage sicilienne.

Je ne connais aucun parfum autour de la fleur d’oranger qui soit de qualité et qui tienne des heures durant. Celui-ci ne fait pas exception. La tenue et le sillage est assez faible. Mais j’ai l’impression que c’est un peu la règle avec ce type de création. C’est pareil avec ST. CLEMENT’S, par exemple. Ça fonctionne plutôt bien en été.

MANDORLO

Grosses chaleurs ! Il fait plus de trente degrés en ce moment, et le parfum se diffuse fortement. C’est presque étouffant.

Un trait de citron fugace, et je suis plongé directement au cœur d’une amande très amère.

On reconnaît des fleurs blanches, pourquoi pas du jasmin ou du muguet, on ressent fortement le sucre d’une préparation pâtissière, une assise un peu terreuse aussi. Mais à vrai dire, toutes ces matières s’entremêlent, s’assemblent dans un même mouvement pour tirer vers cette amertume intense. Elles tourbillonnent, comme pour laisser voir le centre, l’œil du cyclone, l’œil qui a la même forme qu’une amande.

MANDORLO propose l’étonnante idée de rester durablement à l’intérieur du noyau de l’amande. Un peu à la manière de SABLES (Goutal), il n’y a que très peu d’évolution. La note d’amande amère se maintient et s’estompe peu à peu dans une tenue et un sillage très satisfaisant.

Ce parfum me fait penser à la carte "XXI Le Monde" du Tarot de Marseille. Les nuances encadrent, soutiennent une mandorle dans laquelle s’épanouit une jeune femme presque nue. Cette femme peut faire penser à une allégorie de la fragilité. Cette amertume si belle, si fragile.

Voici, pour moi, la véritable révélation du trio. Une proposition qui peut sembler classique et se révèle finalement très contemporaine, presque sacrée.

Merci à l’équipe d’AU PARFUM pour ces belles découvertes. Et merci à VIADEIMILLE pour ce joli coffret dont les illustrations très renaissance italienne ne peuvent que convaincre un adepte du Tarot.

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