Egoïste

Bonjour à tous, voici ma première contribution au site après l’avoir découvert il y a maintenant un mois et parcouru de long en large avec grand plaisir. Depuis j’y reviens très régulièrement. Enchanté.
"Egoïste !" ainsi donc je me présente, ou plutôt devrais-je dire "me montre", à vous. "Egoïste ! (montre-toi)" ainsi résonne encore la cultissime publicité qui a tant marqué le jeune garçon de 10 ans que j’étais (merci monsieur Goude). Egoïste me faisait entrer dans les années 90, l’adolescence. Pourtant, ce ne fût que trois ans plus tard avec sa déclinaison – flanker, dirait-on aujourd’hui – que je fis sa connaissance olfactive, Egoïste se faisait alors Platinum. La publicité (encore elle ! Cette fois incarnée par un boxeur luttant à demi-nu contre son ombre), le flacon à la masculinité et l’élégance affirmés eurent, plus que le jus à dire vrai, achevé de me convaincre de l’acheter (ou plutôt de me le faire offrir). Bref, ce n’était pas tant la fragrance (celle de Platinum) que l’univers qui l’entourait qui me parlait. Car oui, "Egoïste" me parlait. "Egoïste !" scandé et répété de manière accusatrice semblait directement me pointer du doigt. "Tu n’es qu’un égoïste", "Montre-toi misérable !"... Tout pour séduire un jeune ado solitaire et volontiers maudit ! Bien plus qu’une simple senteur, un parfum est un univers. Egoïste était le mien (même flanqué d’un Platinum).
Vinrent ensuite Horizon, Cacharel pour l’homme, Insensé ultramarine, Héritage, Le mâle, L’eau par Kenzo, Pi, Fahrenheit, Dior Homme, Body Kouros et Habit rouge. Parmi eux il y a les signatures encore régulièrement portés (Cacharel, Body Kouros et Habit rouge). Parcours relativement typique d’un jeune consommateur lambda des années 90 et 2000 (les senteurs marines, gourmandes, orientales…)
Puis arrivèrent les années 2010. Arriva Egoïste, mais sans Platinum cette fois-ci. Egoïste, le vrai, l’unique, brut et solitaire ; celui-ci se révéla enfin à moi, vingt ans après sa découverte visuelle et sonore. Le choc se fit olfactif cette fois-ci. Tout à fait par hasard, Je sentis cette vieille fragrance qu’il me sembla n’avoir jamais sentie. Et là, magie ! Etait-ce enfin le parfum que je cherchais depuis si longtemps ? Ces notes épicées (cannelle en tête) et boisées (santal) qui se mêlaient à la rose firent merveille à mon nez.
Egoïste est une construction magnifique. Poudré mais toujours vif, Il reste pour moi très masculin, à l’image de son flacon, de son nom et de l’univers concocté par les équipes marketing de Chanel. Néanmoins je comprends qu’il puisse séduire de nombreuses femmes (ne sont-ce d’ailleurs pas là les visées d’un parfum masculin ?) au point de le porter elles-mêmes. Egoïste est masculin oui, mais il n’a pas la virilité exacerbée de ces prédécesseurs (ah ! les fougères 70’s/80’s). En cela préfigura-t-il l’androgynie « testostéronée » des parfums masculins à venir, ceux dont la puissance olfactive, le nom, l’univers et le flacon ne laissèrent aucun doute quant à la virilité mais qui osèrent s’aventurer sur des terrains plus féminins. Quelques années plus tard, apparut Le Mâle et bien d’autres dans son sillage.
Quoi qu’il en soit, pour revenir à lui, Egoïste intégra le sommet de mes parfums signatures…
Seulement voilà… depuis que j’ai rencontré votre site, j’ai découvert l’univers des parfums de niche et la foudre a encore frappé mon nez : Voleur de Roses, Sables, Sycomore, Jersey, Portrait of a lady, Sartorial… Mon Panthéon s’est agrandi pour mon plus grand plaisir. Egoïste détient néanmoins une place de choix car lié au souvenir de ma jeune adolescence et de la découverte d’un univers : le parfum. Egoïste est donc Le Parfum.