Auparfum

Cuir de Russie

22 décembre 2017, 12:17, par BoeingMan2b

Ayant longtemps voulu découvrir les « Exclusifs » de chez Chanel, troublé par cette collection aux si simples flacons, je me suis arrêté sur Cuir de Russie lorsque l’on me la fit découvrir.
C’était un arrêt sur image, où la douceur de la voix de la vendeuse des Galeries Lafayette se fondait délicatement dans toutes mes représentations abstraites. Elles étaient floues, masquées d’un moment fatidique où je recherchais éperdument à savoir la nature de la sensation qui m’envahit à ce moment...
Mais trop tard, la machine à parler était lancée : « ...Et donc, vous portez quoi en ce moment ? (...) C’est vrai, Vétiver Tonka est exceptionnel (...) Ho oui, les œuvres de Jean-Claude Ellena sont sublimes, il est trop fort. Je peux peut-être vous faire sentir Boy .......... »
Décidément, l’inspiration s’amusant à m’apparaître tel un « mirage » ou « un rêve errant dans la brume », n’était pas prête de se profiler à nouveau. Je rentrais donc chez moi, troublé et las de la voir se dérober à moi si souvent.

Que faire ? Me rendre à nouveau dans ces boutiques où l’on troque l’inspiration, la vraie, qui pousse à découvrir et à faire des rencontres, contre un système commercial bien rodé a en gêner les clients, OU BIEN, tenter ma chance et me faire livrer de échantillons ? La décision fut hâtivement prise.

Et c’est les étoiles dans les yeux que j’ouvrais délicatement mais mal adroitement cette belle enveloppe blanche, dans laquelle se trouvait cette merveille qui, je dois le dire, m’avait tant boulversé.

La poésie de Victor Hugo (dans « Les châtiments, L’expiation ») me revint en force, sitôt que la pulvérisa sur mon bras, et m’anima très vite d’une sombre représentation.
Un cœur très Ylang Ylang, qui rappelle la belle et stimulante aventure des soldats Napoléoniens, embarqués pour combattre en Russie, sous le froid des flocons de neiges acharnés.
Une tête fortement dépourvue de surplus, qui laisse la très rude noirceur des bottes des guerriers frapper le sol de poudreuse, à peine souillée de leur cirage. Ils courent, comme s’ils étaient devenus « maintenant troupeau ».

On est dans le feu de l’action, avec des combattants destinés à une terrible fatalité. Avec eux, dans leur marche figée dans le froid du terrible « linceul » que personnifie si bien Hugo, et contre eux et leurs blousons de cuir suédé, lentement imbibés de leurs soirées détente, où ils s’abandonnaient au tabagisme et à quelques verrées de vodka.

Dans toute la vivacité de la vie au front, leur longue attablée de la veille resurgit, pendant leur course telle une « procession d’ombres » laissant échapper finement le tabac blond de leurs blousons, et les notes si boisées des portes-manteaux sur lesquels ils les avaient entreposés aux heures d’accalmie. Sans doute se rappelaient-ils que le lendemain, il fallait repartir... Repartir, « Chacun se sentant mourir », au gré du combat contre le froid, ô combien intense !!!

Victoire Hugo me prêta sa plume pour écrire ces mots, merci à Ernest Beaux m’ayant tendrement fait ressurgir cette littérature à travers une fragrance très vive et très nordique.

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