Si Manrose met en exergue la fleur du même nom, c’est dans une volonté de casser les codes traditionnels d’une parfumerie grand public, pour peut-être rejoindre le cercle des vrais parfumeurs disparus. Mais la maison Etro crée-t-elle des parfums de niche ou de la parfumerie grand public ? That is the question ? Cette interrogation est d’autant plus légitime que même lorsque l’on a accès à une partie des créations d’Etro en parfumerie (chez Elysées Parfums en province, par exemple), Manrose et d’autres plus anciennes n’y sont pas distribuées... Mon flacon de Manrose a donc parcouru un long périple avant d’arriver à mon domicile du sud-ouest de la France puisque d’Italie il a cheminé par le sud de l’Espagne... Les mystères de la mondialisation, sûrement... Au demeurant, ce qui me surprendra toujours bien davantage, c’est l’air étonné des conseillers ou conseillères de vente de parfumeries telles qu’Elysées Parfums ou bien plus confidentielles d’ailleurs, lorsque je demande à découvrir le dernier de chez Etro par exemple... Au moins quand on va chez son concessionnaire automobile, il sait quand sortira le nouveau véhicule hybride de la marque ! Toutes ces considérations d’amateur souvent contraint de n’être qu’un consommateur, ne sauraient me faire oublier la très belle surprise que j’ai eue en aspergeant mon poignet de Manrose dès que je l’ai reçu. La rose est très présente au départ mais elle s’insère parfaitement dans un bouquet d’élémi et de géranium qui oscille pendant quelques minutes entre masculin et féminin pour finalement occuper le devant la scène à part égale avec le vétiver et le patchouli qui, avec ses notes terreuses, nous rappelle qu’Etro a créé un univers qui lui est propre : celui de la complexité et de la richesse olfactives. Avec Manrose, on a affaire à un classique opulent mais revisité et finalement très contemporain. C’est bien cela qui me plait d’ailleurs... On est aussi en présence d’une création que l’on n’a pas sentie à tous les coins de rue. Il s’agit également d’une eau de parfum générationnelle : j’imagine mal un homme de 20 à 35 ans séduit par une composition aussi peu "séphoresque" ou "nocibéenne"... Après 30 à 45 minutes, les notes boisées (vétiver et patchouli), adoucies par l’ambre laissent tout de même la rose pointer ses épines... Au final cette composition très équilibrée et originale possède une vraie personnalité. Seul petit bémol, le sillage intense au départ se fait rapidement plus discret même si la tenue est tout à fait convenable.