Auparfum

La vie est belle

Opium

par Opium, le 21 septembre 2012

Bonsoir à toutes et à tous.
 
Certaines raisons personnelles me contraignent à ne pas pouvoir être aussi présent que je le souhaiterais sur auparfum, mais, je tente de suivre vos échanges. Ceux-ci, nombreux, se sont révélés, de mon point de vue, souvent passionnants ! Alors, j’ai envie de rebondir sur ce que j’ai lu attentivement à propos de cette vie qui se devrait d’être plus belle en se parfumant.
Les discussions concernant La Vie Est Belle ont soulevé plusieurs problèmes, d’où le très grand nombre d’interventions en peu de temps. Parmi eux, dans le désordre : le rapport entre création artistique et impondérables commerciaux et financiers ; la tendance au sucre qui submerge la parfumerie comme jamais ; les motifs possibles de cette attirance vers les douceurs ; les raisons, bonnes ou mauvaises, qui nous poussent à choisir tel "noble parfum" ou tel autre, plutôt "parfum de la honte" comme on aime à surnommer, avec affection, sur ce site, ces parfums qui nous plaisent, mais, ne sont, objectivement, pas de grands parfums ; les étapes du processus créatif au sein d’une société de composition et les nécessaires compromis qu’elles impliquent. Voici, ainsi, quelques points que j’ai relevés, et, il y en a encore d’autres.
Plutôt que de répondre à chaque intervention pertinente (elles ont été trop nombreuses), plusieurs jours après la publication de Jeanne et, plus de 100 commentaires après celle-ci, je crois plus judicieux de tenter un survol général de ce qui m’a le plus interpellé. Dans certains cas, je réagirai peut-être aux commentaires plus personnellement aussi, mais, globalement, je vais tenter d’expliciter le maximum d’éléments ici, en tentant d’être clair à défaut d’être concis. Cela en fera découler un commentaire d’une longueur "Opiumtimale"... ;-) 
Avant tout, merci pour vos bons mots, vos coups de gueules, vos analyses et blagues. Cela a été un régal à lire, à la fois sympa et utile.
 
Tout d’abord, Jeanne, je vous l’ai déjà écrit : Quand vous êtes un peu "vache", mais à juste titre, j’ai envie de vous écrire la même chose que Jicky lors de sa première intervention... <3
Jeanne qui, rédigeant à propos de LVEB, cite pour le décrire, "le patchoufruit praliné le plus tenace de l’histoire de la parfumerie". Je propose de renommer cela plutôt par "le "patchousucre" ou le "gluco-sucre" le plus tenace et envahissant de l’histoire". Cela en est presque "muglérien" ! Angel, Ô belle mais triste mère féconde de tous les fruitchoulis, gare à ton engeance dégénérée, qui pourrait être plus envahissante que toi !
Ce truc est une telle bombe de puissance atomique que cela pourrait être utilisé par l’armée en cours de réductions d’effectifs comme une arme redoutable d’efficacité.
La puissance de diffusion est inversement proportionnelle à l’opulence / à la richesse des matières senties. Ça sent très fort, mais, presque qu’un seul et unique élément, comme d’autres l’ont mentionné...
En fait de fruits et d’iris, le seul élément que j’ai perçu est : du s-u-c-r-e. Rien d’autre. Des commentaires de Jicky m’ont permis de percevoir brièvement les fruits rouges chimiques habituels modernes en tête, à la Trésor Midnight Rose ; et, tout aussi rapidement et succintement, l’iris, ou plutôt, un effet "poudre"... Qui crée un effet "sucre en poudre, glace ou cristallisé" pour être précis. J’aimerais "presque" y sentir la "confiture nucléaire" et la "compote radioactive" de Troudujol. Mais, non. Ma tête est dans le paquet de sucre en poudre et un malade tente de m’étouffer dedans ! [Sûrement un truc freudien...] L’effet "poudre en sachet" se traduit, chez moi, par une impression de farine + sucre en poudre que l’on verse dans un bol en préambule à une recette de préparation de gâteaux. Ce moment où tous les ingrédients solides doivent être mêlés avant l’adjonction du reste. Appétissant ? Non ! Ça donne juste une impression de saturation de l’air qui donne envie d’éternuer. Ce n’est pas encore gourmand, c’est juste sucré. Point.
On est loin de certaines impressions gourmandes et pâtissières que l’on peut avoir avec les orientaux vanillés comme Shalimar (la "crème brûlée" des parfums) ou les chypres fruités comme Mitsouko, Femme, Chypre Palatin et son aspect "fond de tarte chypré" délicieux, ou bien d’autres. Par ailleurs, il n’est pas étonnant que certains de ces parfums aient inspiré la pâtisserie dernièrement. Le rapport au gustatif ne me gêne pas tant que le respect de l’équilibre y est. Là, on croirait un accord bi-matière d’un nouveau genre : patchouli - éthyl maltol (sucre), comme Angel me direz-vous... Non, car Angel était puissant et opulent, riche. Not a Perfume, ce n’est pas qu’une création de Juliette Has a Gun ou des solinotes de matières de synthèse uniques pour marques de niche qui la jouent hype expérimentale à défaut de réelles capacités de création (série des Molecule) ; ça devient aussi une récurrente trop fréquente autour du sucre en parfumerie mainstream maintenant. Pink Sugar, au moins, n’a aucune prétention d’être autre chose que ce qu’il est : du sucre caramélisé de barbe à papa. Pas de discours de "rebellitude" et d’affirmation ou de libération de soi. Candy, lui, ne colle pas aux dents et est plus qu’un simple sucre ; plutôt un caramel mou beurré. Toujours sucré, mais plus fondant et délicat. Je préfère n’importe lequel de ces deux-ci plutôt que le Lancôme. Si, si. Même le Pink Sugar : Il est poisseux et me colle à la peau, mais, au moins, il ne tente pas de m’étouffer lui !
A propos de l’invasion pâtissière à tout va en matière de parfumerie, je rebondirai, plus tard, dans le sujet créé, fort à propos, pour cela.
 
Avec Jicky, nous avons senti les matières premières ayant formé le corps de la composition de La Vie est Belle. Enfin, aux Galeries Lafayette, nous avons tenté de les sentir quand nous l’avons pu. En effet, le parfum sus-nommé, aspergé en cœur de magasin, a une telle capacité de contamination de l’environnement qu’il rendait imperceptibles les autres parfums ou certaines des molécules proposées à sentir (pauvre iris inerte et absent). Quand on revient de déjeuner de certains restaurants mal aérés, on sent parfois le graillon. Il faudra aller dans les Nociphorarionnauds avec un K-way pour éviter d’en sortir en embaumant le sucre glace des mille-feuilles ! Bref.
L’iris n’est pas le plus canon de tous, mais, il est correct. La fleur d’oranger et le jasmin sont beaux. Le patchouli sent le patchouli, donc, est roots et terreux. La facette sucrée, dont on pouvait craindre le pire au vu du résultat, est un très joli accord gourmand de tonka pralinée, baumée et vanillée qu’on ne renierait pas, je crois, chez Guerlain dans la collection L’Art et La Matière. Mais, soit 1 + 1 + 1 + 1 + 1 = moins de zéro, soit on peut légitimement se poser la question de la proportion de ces "beaux matériaux" dans la composition finale... J’ai appris une chose en étant amené à participer à certains lancements : Plus on parle de beauté des matières, moins, en général, cela tient ses promesses. La Beauté s’exprime seule, elle n’a pas besoin de porte paroles. Elle se voit, se sent, se ressent. Inutile d’en faire des tonnes. Chez Lutens, Malle et pleins d’autres, on parle peu, on laisse les parfums parler...
 
Revenons sur 2 éléments de communication : Les 5521 essais fièrement mentionnés ET la mention de "premier iris gourmand"... Là, on va rire ! !
 - "5521 essais" : Il en a fallu 1400 pour Angel, largement utiles pour parvenir à la novation que ce parfum a été. 5521 pour reproduire l’odeur du sucre en poudre. Ça ne serait pas plutôt 5520 essais pour tenter de faire un truc plus harmonieux. Et le 5521ème pour "oser" juste le sucre ? ! A imaginer qu’il pourrait y avoir une version "pire", j’en tremble.
 - "Premier iris gourmand"...
"Premier" : Bien, bien, bien... Donc, "... Ganache, Dior Homme, Marron Chic, La Femme Bleue, Infusion d’Iris Absolu (et son fond de vanille)... n’en sont pas...
"Iris" : Où ça ? Ah, oui, "la colonne vertébrale" du parfum. Une colonne vertébrale, c’est ce qui sert à tenir debout mais qui ne se voit pas sous la chair ; ça ne se voit pas de face non plus ; encore moins sous la graisse, ou le sucre. Ce ne serait pas plutôt l’éternel patchouli, l’ossature du truc ? Mais, c’est moins vendeur il est vrai. On a déjà trop prononcé son nom., ce n’est ni assez raffiné ni prestigieux.
"Gourmand" ? Non. Juste sucré. Un mille-feuilles, un opéra, un éclair, ce sont des gourmandises. Une chouquette, c’est gras et sucré. Idem pour LVEB. Du sucre sucré.
Allez sentir Volutes par ailleurs, si vous le pouvez, voici ce qu’on pourrait appeler "un vrai bel iris tabacé un peu gourmand".
 
Je ne peux, malheureusement, que plussoyer très fortement les propos de Jicky et d’autres, LVEB restera dans les mémoires de perfumista(s) comme "le" parfum qui aura "presque" rendu Flowerbomb en EdP supportable...
L’overdose (Loverdose ?) de sucre m’a fait découvrir les "flowers" censément présentes dans la "bombe de fleurs" de Viktor and Rolf jusque-là imperceptibles pour moi tant elles ma paraissaient noyées dans le sucre. Maintenant, j’ai une meilleure idée de ce qu’est la vraie saturation en sucre. On peut toujours faire plus. Toujours. Donc, à Zab63 qui s’interrogeait ainsi : "Peut-on faire plus sucré ?", j’aurais eu tendance avant LVEB à répondre "Non !" en pensant à Flowerbomb. Maintenant, je ne suis plus sûr de rien. Mais, là, la crise de foie est déjà bien assez proche de nous, non ? :-s
"Presque" est aussi important que l’usage qu’en fait New-Yorker à propos de Manifesto, qui, comparativement, semble être bien moins épouvantable que le reste. J’ai presque envie de me servir des termes "mignon" et "original".
J’aurais parié sur un certain succès du parfum Yves Saint Laurent, moins insispide et insupportable que la "Moche d’Opium" sortie il y a deux ans et réduite à un tiers de linéaire. Bien fait ! #vengeanceperso #unseulOpium
Mais, le sourire carnassier de JuliE RoberT (ça claque tout de suite moins quand c’est francisé, c’est moins glamoureux), qui montre ses 96 dents partout (Comment peut-on avoir autant de molaires et d’incisives ?) est bien là pour nous faire comprendre que "SON" parfum va cartonner. A défaut d’actualité cinéma, elle fait l’actualité parfums (et la couv’ de Elle il y a peu) !
Je me pose une question (à prendre au 72ème degré) : Outre l’aberration du pseudo message de libération des carcans et prisons dorées que beaucoup d’entre vous ont relevé avec justesse, comment est-il possible d’avoir investi autant d’argent pour transformer une très belle femme en "cheval surexposé" tellement photoshopé et illuminé qu’il aura probablement fallu éteindre l’équivalent d’une ville comme Reims durant deux heures pour fournir l’électricité nécessaire à ce halo lissant angélique surréaliste presque "divin" ? Et pourquoi près d’une centaine de retoucheurs ont-ils cru utile de photoshoper à ce point cette surexp’ d’une femme suffisamment belle pour ne pas nécessiter ce traitement ? Ah, oui, car si elle a et représente les plus de 40 ans, il ne faut, en tant qu’égérie L’Oréal/Lancôme, surtout pas que cela se voit trop malgré tout. Surtout pas à notre époque où tout se doit d’être lisse, plat, consensuel, tout en, bien entendu, revendiquant exactement le contraire...
 
[Il semble que ma réponse soit si "Opiumesque" qu’elle nécessite d’être scindée en deux. La suite juste après...]

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