Auparfum

Mon Guerlain

OPomone

par OPomone, le 28 février 2017

Chère Jeanne,
Vous insulter ? Diantre. Voilà qui n’était pas dans mes intentions.
D’ailleurs, j’ai beau relire ma contribution d’hier, je n’y vois rien qui puisse être considéré comme insultant.
La tristesse que j’ai sincèrement ressentie m’a été inspirée, au contraire, par le profond respect que je nourris à l’endroit de l’œuvre que vous accomplissez ici : faire partager au plus grand nombre une certaine idée de la parfumerie.
Et c’est parce que vous m’avez semblé tout à coup vous affranchir de cette exigence-là que j’ai réagi.
Je me suis dit : ça y est, on a perdu Jeanne ! Elle s’est laissée séduire par les sirènes du marketing si bien rodé qui accompagne le lancement de Mon Guerlain, par la lavande Carla, pas Bruni mais néanmoins "variété d’exception cultivée en Provence", par la "vanille Tahitensis de Papouasie-Nouvelle-Guinée", par le santal Album d’Australie, "bois qui donne sa force au nouveau parfum Guerlain et préserve son mystère", par le flacon quadrilobé, qui "offre un contraste entre la force des lignes tendues et la sensualité des courbes, exprimant plus que jamais la féminité d’aujourd’hui", par les "personnes formidables qui cultivent, extraient, distillent" et par ce "concentré de relations humaines et de savoir-faire authentiques" qu’est Mon Guerlain (toutes ces citations sont authentiques, chacun pourra vérifier ici).
Si j’ai été un brin méchant, c’est plutôt envers Thierry Wasser. Mais quoi, on a le droit de ne pas aimer ce que fait M. Wasser, lequel semble d’ailleurs manier de moins en moins les pipettes pour n’être plus que le VRP chic et choc de son employeur, laissant le travail de création à ses assistantes.
Et voyez-vous, chère Jeanne, c’est curieux le hasard, aujourd’hui je porte justement un jus composé par Thierry Wasser : Dali pour Homme. C’est selon moi ce qu’il a produit de mieux, avec Songe d’un Bois d’Été et Guerlain Homme L’Eau Boisée.
Un mot aussi au sujet des parfums gourmands. Ne pensez pas que je les rejette a priori ou que j’attende de vous que vous en fassiez de même. D’ailleurs, c’est par dizaines que je pourrais énumérer les parfums gourmands que j’aime porter. J’en citerais quelques-uns seulement, sortis ces dernières années : Graines et Bootylicious de Martine Denisot et Amélie Bourgeois (Pour Toujours), Orange Star d’Andy Tauer, Aziyadé de Marc-Antoine Corticchiato (Parfum d’Empire), 1697 de Bertrand Duchaufour (Frapin) ou encore The Architects Club de Yann Vasnier (Arquiste). Leur point commun ? Ils ne sont pas surdosés en éthyl-maltol. Car c’est bien ainsi que se nomme ma bête noire et j’en veux à Angel d’avoir, il y a 25 ans, ouvert la voie à la généralisation de son usage en parfumerie, alors que cet exhausteur de goût, qu’on trouve par exemple dans les bonbons Haribo sous le nom de code E637, n’aurait jamais dû quitter le domaine pour lequel il avait été conçu : l’alimentaire. J’aime les fraises Tagada, mais les croiser sempiternellement dans le métro, dans la rue et au boulot me donne des haut-le-cœur.
Cette vogue de l’éthyl-maltol sévit toujours aujourd’hui et, si vous voulez mon avis, il n’y en a pas qu’un peu dans Mon Guerlain.
Enfin, je voudrais dire que je ne regrette pas ce que j’ai écrit hier, car cela a généré une espèce d’effervescence, en suscitant un débat intéressant, passionné et souvent passionnant. Une vingtaine de réactions sur le même sujet en à peine plus de 24 heures, cela n’était pas arrivé depuis... Sauvage de Dior. C’est avec tendresse que je me rappelle la critique de Sauvage. D’abord signée Jicky, puis attribuée à la rédaction, elle témoignait d’une liberté de ton et d’une absence de complaisance qui m’avaient proprement soufflé. Je m’étais inscrit aussitôt sur le site pour dire mon admiration et mon estime.
Sachez, chère Jeanne, que je garde aujourd’hui la même admiration et la même estime pour tout ce qu’AuParfum représente.

Votre réponse

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

à la une

Tutti Twilly

Tutti Twilly - Hermès

Voilà une création dont les idées sont comme ses notes fruitées : vives, fusantes, presque vrillantes !

en ce moment

Des Esseintes a commenté Cornaline

hier

Avis aux amatrices et aux amateurs d’Anatole Lebreton : il reste encore quelques rares flacons(…)

il y a 2 jours

Bonjour Adina, bonjour à tous, Oups ! Pardon pour la confusion. Une vingtaine d’années séparent(…)

il y a 2 jours

Bonsoir Farnesiano, Bonsoir à tous, Vous faîtes référence à la pomme de Nina Ricci. Celle-ci est(…)

Dernières critiques

Iris Médicis intense - Nicolaï

Sous le soleil de Toscane

Encre indigo - Lalique

Roche en fusion

Belle de Niassa - Caron

Fleur au zénith

Avec le soutien de nos grands partenaires