Mon Guerlain
par Le Nez Bavard, le 28 février 2017
Bonjour à tous,
Ça commence à faire des lustres que je n’ai pas mis les pieds ici, mais il est toujours temps de se rattraper.
Les réactions à ce billets m’inspirent deux choses :
La gourmandise en parfumerie est-elle interdite ? Toute marque qui s’illustrera sur ce terrain devra-t-elle subir l’opprobre
Que juge-t-on réellement dans ce parfum ? La marque, la pub, la cible ?
Le débat a déjà eu lieu maintes et maintes fois sur Auparfum, mais nous pourrions tout de même nous rappeler quelques éléments intéressants. Pour moi, la gourmandise en parfum n’est pas un problème. Et si on y réfléchit bien, elle y est présente depuis le tout début puisque les notes alimentaires ont toujours fait partie de la palette du parfumeur. Vanille, C14, C18, héliotropine, coumarine... La question, c’est donc, la vision, le dosage, l’utilisation. Rappelons-nous tout de même que selon la légende (je dis bien légende parce que je n’ai aucune assurance de la véracité de cette anecdote), Ernest Beaux a dit de Shalimar "qu’avec toute cette vanilline" il n’aurait réussi qu’à faire "un crème dessert" tandis que Jacques Guerlain, lui, en a fait "un chef d’oeuvre".
À vrai dire, Guerlain est sur ce terrain depuis très longtemps. Et oui, c’est un terrain "facile", vers lequel on peut "glisser" plus facilement. Et les français(es) semblent l’aimer puisque la famille des orientaux reste la famille qui a le plus de succès dans notre pays. Alors j’ai un peu du mal avec cette condamnation systématique du registre "Gourmand" comme si par principe, un parfum était mauvais parce qu’il appartenait à cette section. On ne juge pas un parfum à sa famille ou à sa composition. On l’évalue par rapport à la proposition qu’il nous fait.
Nous fait-elle rêver ? Nous évoque-t-elle des images, des sensations, des sentiments, des émotions ? L’agencement est-il harmonieux ? L’histoire est-elle riche ? Est-il équilibré ? A-t-il une ligne forte, un propos ? Est-il innovant ou original ? (oui, je vous refais la liste des critères de l’Olfactorama ;) )
Sur tous ces plans, non, Mon Guerlain n’est pas au taquet. Ce n’est clairement pas le plus grand chef d’oeuvre du XXe siècle. Mais à la lecture de l’existant (on pourra se rappeler à bon escient qu’une oeuvre, quelle qu’elle soit, est toujours jugée et évalué en fonction de l’existant, de la connaissance et du filtre culturel de chacun), ce n’est clairement pas un parfum de la honte. Les matières y sont expressives et respectées, la lavande offre un montant clairement appréciable pour ceux qui aime cette note et elle s’insère relativement souplement dans l’accord fève tonka - coumarine - vanille - ethyl maltol (aurais-je prononcé le mot interdit ?) qui suit.
Mais certes, l’ensemble est un peu flou, brouillé, puisque le trait clair de l’accord est enchâssé dans trop de matières aux effets "boule". Mais pour moi, on est quand même très loin de l’explosivité agressive de La Vie Est Belle. Oui, sur le plan artistique, l’étincelle n’est pas nécessairement là. Mais c’est simplement un parfum assez confortable, facile et de son temps. Oui, de son temps. Pis je crois que c’est pas grave de faire des parfums de son temps. C’est quand même ça le jeu de la parfumerie aussi.
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