Auparfum

L’Envol

Passacaille

par Passacaille, le 25 septembre 2016

Bonjour,

je porte aujourd’hui cet Envol et je suis en amour.

Disons rapidement que je suis en accord parfait avec les descriptions olfactives de Jeanne, cependant j’en tire un amour intime, lorsque la déception est la conclusion de l’article et sourd aussi des commentaires.

Permettez moi quelques réflexions.

1. Le mot virilité revient, accolé à diverses idées, facile, générique, internationale... là je dois avouer que la virilité en odeur je vois pas bien, parler de Fougère à papa, de Cologne retro, de bombe à bois-qui-piquent, je vois, je sens ce que ça veux dire. Sauf que je sens pas Bleu, ni Brut, ni L’Homme Idéal, ni One Million, ni...., ni rien !
Seul Monsieur. EdPFM me vient à l’esprit, dans un registre percutant (on y reviendra). Mais si vous avez des noms de parfums qui sentent comme l’Envol je suis preneur.

2. Générique et sans originalité, en effet ce parfum propose quelque chose qui, s’il intrigue un peu au début avec son départ un peu bière/levure, adouci de miel et de ionones, ne dérange pas la baraque. Rien qui vous fasse bang ! rien qui vous secoue avec une claque d’odeur extraterrestre, "c’est quoi ce truc" Non ça roule, ça coule, l’air de dire "tu n’as jamais senti ça mais tu connais tout ça, tout va bien, tu es en terrain ami"

3. Le sillage et la tenue. Là je trouve une contradiction marrante, dans le pt 1 on parlait de virilité, si je ne m’abuse les standards actuels, que nous décrions à longueur de commentaires ici même, c’est le sillage thermonucléaire, les bois ambrés qui vrillent les sinus, et qui semblent plaire aux petits coqs en mal de domination sur l’univers olfactif qui les entourent. Et donc on vient taxer l’Envol de virilité conforme au marché, un peu paradoxal non ? Oui il diffuse au ras de la peau, il est intime, en sourdine, il se savoure dans la durée, piano piano, avec une idée de douceur et de confort qui sont pas si mal pour une masculinité contemporaine ? Enfin moi je prends plutôt ça !

Au final, plein de gens s’attendait à une proposition radicale mais grand public, clivante mais qui plaise à tout le monde... le messie olfactif !! Eh bien non !

Nous avons eu la Déclaration du Soir, merveilleuse dans le style brillant, hyper diffusif, extravertie, carnassière avec ses notes métalliques. Et voici un parfum qui sent la sieste dans le foin, le fond de choppe de bière et le cacao sec et le tabac blond, dans le style intime, introverti, méditatif, pour soi.

Je ne sais rien des intentions initiales de Mathilde Laurent, ni des éventuels compromis concédés au marketing, peu importe, je me dis que si ce parfum ne sens pas fort, mais longtemps, c’est qu’elle le veut, qu’elle veut nous dire quelque chose avec ça, justement le fait que ça parle pas fort, que cette odeur ne sera sentie que par la personne qui tiendra l’homme parfumé avec dans ses bras ! Vous ne le sentirez pas dans le métro, vous le sentirez le soir, la tête posée sur son épaule dans le canapé devant la télé. Une odeur familière, domestique, qui la vie quotidienne un peu plus belle par sa poésie simple, sans tapage, en toute humilité, pour une personne qui n’a pas envie que son parfum annonce sa venue avant lui, son statut social, ses gouts olfactivement pointus.

Avec l’Envol je crois que Mathilde à voulu faire le parfum d’un homme "normal" qui vit sa vie avec humilité dans le confort de l’anonymat, qui garde ses émotions pour le cercle privé. En définitive on pourrai légitimement reprocher à ce parfum d’être "petit bourgeois."

Mais le truc c’est que c’est petit bourgeois avec une structure qui pour moi est très innovante en parfumerie, meanstream ou niche d’ailleurs. Monsieur. est pas loin, mais plus classique avec un départ d’agrume et un fond tabacé chaud et rond, et les bois ambrés pour atteindre à une diffusion bien virile, mais raffinée il est vrai, on est là pour la haute bourgeoisie.

L’Envol se paye le luxe de faire le parfum pour un homme, point !
Il est fait avec le même soin artisanal qu’une espadrille ou un béret, avec le souhait humble de se faire presque oublié, comme un vieux pull, avec d’autre but que d’apporter un confort domestique et une chaleur cosy. Et tout ça avec les résultats de recherches olfactives très en avance, dans des territoires inexplorés. Le talent de Mathilde a été ici de faire du familier avec de l’inédit.

Cacher l’art par l’art même...

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