Quel parfum portez-vous ?
par Petrichor, le 7 juillet 2021
"La proie pour l’ombre", sur touche de papier trempée
C’est LE Lutens à la réglisse. (Je ne pense pas qu’il ait développé cette idée avant). Le parfum est traité comme un monochrome de notes noires, un peu comme un Soulage.
On retrouve l’accord ciste (ambre) propre à lutens, dans sa gamme de distribution élargie.
Cette base ciste fait bloc et apporte de la puissance et de l’ancrage. (Genre ambre sultan l’actuel sans l’origan la myrte, ou datura noir sans la vanille la cerise tout le tralala)
Le parfum exhale de la réglisse, et potentiellement un patchouli fractionné.
Pas de réglisse tonitruante, plutôt la mauve comme la violette, ou la guimauve la vraie.
Il est facile d’imaginer une muse de Lutens, fardée comme une perle, qui se met à sourire, rire, et rougir... mauve !
Le parfum semble pour l’instant avoir un bonne puissance, mais émane une personnalité introvertie et charmante (et féminine).
Pour l’instant je n’ai pas de déclic, mais c’est tout de même bien joli. Je ne regrette pas mon achat à l’aveugle et d’occasion.
On pourrait penser "la petite robe noire", et s’engouffrer dans un reproche de manque d’originalité, sauf que le parti pris est presque rempli.
Le côté lutensien précité est là. C’est un parfum cousine à "un bois de violette" (bois de rose, violette, cèdre) sur un mode complètement différent. Bois de violette est foreste, La proie pour l’ombre est une éclipse. C’est la couronne solaire d’une éclipse, mais teintée d’un violet surnaturel. Car c’est une radiance qui se dégage d’un bloc noir.
Stylistiquement, le bloc ciste est plaisant, toujours aussi "sombre et complexe" -même si je l’aimais moins dans les formulations actuellse-, la réglisse fait noire, la nuance mauve (violette timide) fait une superposition de pourpre comme lutens l’aime bien visuellement, l’éventuel patchouli fractionné fait noir. Le patchouli rappelle celui des anciens habanita, donc il s’agit peut-être davantage d’un vétiver à effet encens.
Cette superposition (... cette ombre -désolé, je fais tarte en reprenant le nom-) de réglissé et de mauve, est doucement addictive, car elle exsude une texture toute satinée. Elle rappelle aussi parfois l’encre qui sèche. Alors que le geste de la main n’est plus qu’un souvenir diffus, l’odeur finit de sceller les mots sur le papier, la part humide de l’encre disparaît comme une étrange part des anges.
Aucun défaut artistique apparent : pas d’effet fruitchouli, pas de concentré de réglisse, pas de bonbon haribo, pas d’effet cachou lajaunisse marqué, si il y a une vanille elle est volontairement sous-dosé et peut-être naturelle *, ... pas de surdose d’iso-e-super dans l’effet "encre noire", et je n’ai pas encore détecté de boisé-ambré pénible à mon nez.
Donc pour l’instant je ne peux reprocher au parfum
que ses qualités : un parti pris minimaliste (bien plus couillu qu’un "Noir" de Chanel, qui se dispersait à miroiter un accord jasmin - géranium - rose - agrume shampoing)
que de trop coller à la base ciste des autres lutens, mais je ne peux plus lui reprocher car ce parfum réussit à avoir une personnalité propre, un cohérence : sombre, introvertie et riante, rougissante
et que la question "qu’est-ce qui, dans le budget formule, l’a empêché d’un un mainstream"
* le parfum a inflexion phénolé brûlé (donc peut-être qu’il y a de l’absolu vanille, lui qui rappelle le rhum)
et peut-être il y a de la "violette cœur", car rien ne fait "violette", mais plutôt "coeur croquant, vert et caressant" de cette fraction de feuille de violette ... et à mesure que je traine à envoyé cet avis, je sens le fond : ?vétiver à effet d’encens (de java) ?, benjoin amandé prolongeant de papier d’arménie la métaphore filée de l’encre... Lutens avait aussi jongler sur différent type de vrai oud dans la section d’or, j’ai l’impression. Et là il y en a peut-être une micro-dose de oud spécial à côté d’un effet "herbe sèche, noisette" à la Yerba matte des argentins.
Voilà, c’est mon 1er jet. Le parfum va probablement s’exprimer différemment sur le tissu, et la peau. Et j’ai probablement un bon tiers de bêtise.
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