Synthetic Jungle, le paysage en technicolor de Frédéric Malle
par Jessica Mignot - Jeanne Doré, le 2 septembre 2021
Peignant une nature surréaliste et luxuriante, l’éditeur de parfums collabore pour la première fois avec Anne Flipo, et nous propose une jungle olfactive stylisée, explorant toutes les nuances du vert.
Mise à jour du 3 janvier 2022 : Voir notre critique de Synthetic Jungle
Frédéric Malle confie avoir souhaité depuis longtemps un parfum vert, en hommage aux créations des années 1970, et notamment à Private Collection d’Estée Lauder. Ce dernier a servi de point de départ de la composition, à côté d’autres inspirations comme les toiles du Douanier Rousseau, le film Avatar de James Cameron, ou encore l’album The Secret Life of Plants de Stevie Wonder. Pour la première fois depuis la création de sa marque, le directeur artistique a fait appel à Anne Flipo d’IFF, dont il connaissait l’amour des plantes. Celle-ci évoque « le bonheur de créer sans limite de temps », dans un échange constant avec Frédéric Malle.
Mais loin d’en rester à une reconstitution littérale de la nature, Synthetic Jungle propose une interprétation fantasmée du vert, une « vision onirique de la luxuriance et de la chaleur ». L’usage des matières synthétiques, comme l’exprime son nom, est revendiqué : l’extraction des essences supprimant de nombreuses facettes, « les compositions deviennent plus intéressantes dès lors que la chimie s’en mêle » explique Frédéric Malle.
Conservant la note basilic de Private Collection, Anne Flipo en a « épuré les facettes chyprées et cuirées », et l’a complétée d’un accord floral mêlant jacinthe, muguet, jasmin et ylang ylang, modernisé par le cassis synthétique et l’acétate de styrallyle. Elle a également introduit une note de patchouli qui, « légèrement terreuse », « tisse un lien entre le végétal et l’humain en enracinant les parfums dans la peau ».
Synthetic Jungle 45 euros/ 10 ml, 160 euros/ 50 ml, 230 euros/ 100 ml
Disponible en septembre
Premières impressions
Cette ode à la synthèse prend la forme d’un véritable « multivert » au charme vintage assumé, dont les facettes vertes et florales tour à tour râpeuses, poudrées, terreuses, indolées et savonneuses diffusent dans l’air un halo végétal vaporeux, certes classique dans son évocation, mais non sans un certain caractère incisif et une personnalité affirmée, au sillage et à la tenue irréprochables. On pense donc bien sûr à la référence revendiquée, Private Collection, mais aussi un peu à Dune de Dior, à Eau de Campagne de Sisley ou encore Grand Amour de Goutal, sans pour autant donner une impression de copie conforme. Sans aucun doute un des plus beaux lancements de la rentrée. J.D.
à lire également
par Des Esseintes, le 7 janvier 2022 à 11:02
Un parfum qui convoque en effet le souvenir de "Private Collection" et d’"Eau de Campagne", mais qui m’évoque encore plus "L’Ombre dans L’Eau" de Diptyque... Vu l’écart de prix entre les deux, nulle hésitation !
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par jovi, le 5 juin 2022 à 22:05
Entièrement d’accord avec vous j’ai eu la même impression que vous L’Ombre dans l’eau mais en moins bien !
par Donald Bovy, le 10 septembre 2021 à 17:13
Déçu. Les références au passé ne devraient pas te donner envie d’y retourner en lâchant l’objet d’études. Ici, c’est le cas. Envie d’aller sentir Diorissimo avec ce muguet en première ligne puis d’aller ressentir Y d’Yves Saint Laurent ou Ivoire de Balmain. Franchement, à quoi cela sert d’être libre si c’est pour rester dans la cour d’école ? Dans la famille des nouveaux verts, j’ai eu beaucoup plus de plaisir avec le Martin Margiela ou le très beau Panorama d’Olfactive Studio. NEXT.
par kismi, le 8 septembre 2021 à 10:06
Les premiers instants me rappellent Vent Vert (avant reformulation), pour la verdeur incisive (je ne connais pas Private Collection). Ensuite, un jasmin étire longuement cette fraicheur croquante, mais ne l’emporte jamais sur le sujet principal de ce parfum : il accompagne sans jamais dominer agissant comme un leurre. En fin de course, c’est bien le sol qu’on approche avec le patchouli, mais de façon suggérée. Quelle merveilleuse composition ! Je l’adore ! Des bises !
par Ornella A, le 7 septembre 2021 à 20:01
Ce parfum me rappelle l’amazonie, les oiseaux qui vous regardent, l’humidité. "Luxuriant" est en effet le terme le plus approprié !
à la une
Tutti Twilly - Hermès
Voilà une création dont les idées sont comme ses notes fruitées : vives, fusantes, presque vrillantes !
en ce moment
il y a 12 heures
Avis aux amatrices et aux amateurs d’Anatole Lebreton : il reste encore quelques rares flacons(…)
hier
Bonjour Adina, bonjour à tous, Oups ! Pardon pour la confusion. Une vingtaine d’années séparent(…)
il y a 2 jours
Bonsoir Farnesiano, Bonsoir à tous, Vous faîtes référence à la pomme de Nina Ricci. Celle-ci est(…)
Dernières critiques
Iris Médicis intense - Nicolaï
Sous le soleil de Toscane
Encre indigo - Lalique
Roche en fusion
Belle de Niassa - Caron
Fleur au zénith
par sikkim, le 22 septembre 2022 à 19:13
Parfum étonnant au développement très long et sinueux qui va d’un excès à un autre.
Après un grand plash assez brutal, très vert, un vert qui vous rappelle Vent Vert de Grès en plus gras, se présentent des petites notes douces et plus sèches, mais toujours vertes …. à petits pas. Elles s’adoucissent encore et encore jusqu’à ce que votre peau sente bon le savon, le propre. On arrive à avoir sur soi un parfum doux, chypré, propre.
Disons que l’allure de Synthetic Jungle est excessivement années 70, avec son assurance, ses grandes enjambées, ses cheveux au vent et à moi Paris, mais porté par une silhouette qui n’a rien vu des ces années là, une silhouette discrète et à la démarche calme.
C’est un parfum marrant, espiègle, qui, après avoir rué dans tous les sens, se calme soudain pour se faire paisible et d’une incroyable douceur.
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par sikkim, le 22 septembre 2022 à 21:18
Vent Vert n’est pas de Grès mais de Balmain. Lapsus dû au fait que la couleur de Mme Grès était le vert.
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus