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Cabotine

Grès

Flacon de Cabotine - Grès
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Kaléidoscope du passé

par Fanny Guerin, le 31 octobre 2022

Près de 30 ans après la création du célèbre Cabochard, la maison de couture Grès lançait Cabotine. Créée en 1990 par Jean-Claude Delville, cette fragrance s’inscrit dans une décennie de changements majeurs pour l’industrie de la parfumerie, où les tendances seront rythmées par la gourmandise et l’hygiénisme.

Sous son nom, qui désigne à l’origine une « personne qui se fait remarquer par un comportement affecté, théâtral » selon le Larousse, se cache un floral aldéhydé vert. Peu connu, mais cependant toujours commercialisé, il présente un accord imposant à la croisée de grands chefs-d’œuvre.

Si l’on devait résumer Cabotine en quelques mots, on parlerait d’un ginger lily opulent, cette fleur à l’empreinte florale jasminée, épicée et terreuse puissante.
En tête, un éclat fusant de mandarine et de gingembre réveille nos narines dans un schéma aldéhydé assez classique, s’ouvrant ensuite sur un bouquet plus charnel, vert et épicé. C’est cette dominance de fleurs à la fois charismatiques et poudrées qui donne son caractère marqué à la composition, que l’on imagine bien sur une femme des années 1990 à l’allure assurée.
L’ylang-ylang, créateur d’une enveloppe jasminée et solaire, se lie au ginger lily et à la tubéreuse lactée dans un cadre de verdure où la jacinthe apporte une nuance fusante et crissante. Le contraste entre les pétales doux, réconfortants et l’accord vert, plus diffusif, construit un équilibre élégant. Ce bouquet repose sur un assemblage vibrant, boisé et sec, presque animal de patchouli et de cassis dévoilant une acidité terreuse. Santal et muscs contrastent et bercent l’ensemble, lui conférant une douceur et une ténacité marquées.

En comparant aux créations qui ont elles aussi vu le jour au début des années 1990, telles que Trésor, CK One, Angel, L’Eau d’Issey ou Féminité du bois, Cabotine semble plutôt appartenir à la décennie précédente. Sa facette savonneuse, aldéhydée, que l’on pourrait trouver un peu « old school » aujourd’hui, évoque davantage nos lessives que les parfums de peau. La résonance de muscs en fond mêlés au patchouli confèrent cependant à la fragrance une touche presque actuelle. Loin d’être un grand succès, ce parfum s’inscrit pourtant dans une continuité certaine, s’inspirant des codes de chefs-d’œuvre qui l’ont précédé : le bouquet poudré rose-violette de Paris, la prestance aldéhydée du N°5 ou de Rive gauche, l’œillet épicé-girofle de L’Air du temps, l’opulence lactée-tubéreuse d’Amarige, ou même le fond vanillé-animal rappelant presque, à l’évaporation, celui de Shalimar.

Cabotine serait ainsi un kaléidoscope de son temps, ou plutôt, de son passé !

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Absinthe

par Absinthe, le 8 décembre 2022 à 16:39

Ma mère et moi nous le sommes partagé à sa sortie, il était tellement à part, si original et si délicieux qu’il nous faisait presque saliver. Aujourd’hui ma mère le porte toujours et j’adore le sentir sur elle, d’ailleurs il lui vaut pas mal de compliments.
Quant à moi j’en garde un flacon que je hume de temps à autre pour être avec elle, d’une certaine façon. Mais je ne le porte pas car Cabotine, c’est maman ! (Et quand elle sent Cabochard elle pense immédiatement à sa fille ^^).
De manière générale Grès propose de bien jolies choses, intéressantes pour la plupart, mais largement sous-évaluées. C’est à la fois dommage car elles pourraient bien disparaître, et pas plus mal car on a l’impression de porter quelque chose d’unique.

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par Farnesiano, le 8 décembre 2022 à 20:09

Bonsoir Absinthe. Touchant, votre témoignage filial.
Oui, Grès propose - ou a proposé - de bien jolies choses qu’on trouve à des prix divers, du plus cher, Pièce Unique par exemple, au très bon marché Madame Grès, floral fruité très doux (avis aux amateurs de la note ananas).
Pour ma part je regretterai toujours Homme de Grès (1996) aromatique agrumes sur magnifique fond de santal, cèdre et mousse de chêne. Les Cabaret, Homme et Femme, ont eux aussi disparu. J’adorais la version dame, jolie rose habillée d’un flacon rouge vif plutôt kitsch. Quant à la série très féminine Hommage à Marlène Dietrich, inégale mais attachante, elle n’a pas eu le succès qu’elle méritait. Ma mère en a un peu profité mais elle devait toujours revenir à son magnifique Aire de Loewe.
P.-S. Pièce Unique, qui privilégie la prune et le daim sur un fond épicé et musqué, est à mes yeux un grand parfum, à la fois chic, délicat, poudré, sensuel et souriant.

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par Absinthe, le 9 décembre 2022 à 14:22

Bonjour Farnesiano, je n’ai pas eu la chance de sentir Cabaret mais d’après sa pyramide olfactive il m’aurait certainement plu.
Gros a priori négatif envers Madame Grès à cause de l’ananas ; voilà une note fruitée qui me rebute, tout comme la framboise ou pire, la fraise.
Mais je vous rejoins totalement sur Pièce Unique, que vous avez très joliment décrit :)

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par Farnesiano, le 10 décembre 2022 à 15:37

Bonjour Absinthe, je vous rejoins totalement sur l’a priori négatif que l’on peut avoir envers la note ananas, pour moi vraiment trop fruitée, trop exotique. Il y a de beaux parfums qui la mettent en valeur, tel Colony de la Collection Héritage de Patou mais je n’y arrive pas, quand tous les autres parfums de la collection m’enchantent. En matière de fruits, je céderais plus facilement à la prune et à la la pêche. Une pomme avait retenu mon attention il y a une bonne dizaine d’années : Paname Paname de Libertin Louison Technique Indiscrète, joli chypre floral mais on n’en parle plus guère... Bon week-end et au plaisir de vous lire bientôt.

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