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Les Heures Voyageuses

Cartier - Les Heures de parfum de Cartier

Flacon de Les Heures Voyageuses - Cartier
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Voyage au pays des agars

par Patrice Revillard, le 13 octobre 2014

Trois flacons dorés aux prix plus élevés, trois variations autour du oud... Aucun doute sur la cible visée par la nouvelle collection des Heures Voyageuses de Cartier. Si dans la collection classique des Heures, Mathilde Laurent propose à chaque opus une idée et une histoire menée d’une main de maître par des accords subtils, des instants capturés et interprétés avec originalité, ou des classiques revisités, dans ce triptyque elle va droit au but, sans chichis, sans réinventer le genre "oud", mais de façon efficace.

Oud & Oud

Peut être le moins oud des trois, il pourrait presque être qualifié d’ambre. Les résines et les baumes (benjoin, Tolu, gaïac...), à peines relevés d’une pointe aromatique, enrobent le bois précieux aux tonalités animales et cuirées. Ce mélange, rond et enveloppant, est à la fois confortable et assez signé pour se laisser réconforter sans sombrer dans l’ambre ultra-vanillé simpliste et sans propos. Si ces facettes aromatiques le font regarder du côté d’Ambre Sultan par certains aspects, et à M7 par sa sensualité très peau et baumée, il fait également penser à cette ancienne base historique de la maison De Laire : l’Ambre 83.
Suave et chaleureux, l’oud y est sagement muselé dans une vision plutôt occidentale de l’Orient.

Oud & Rose

C’est bien évidemment l’accord inévitable dans une collection autour du oud !
La rose, ici ample et fraîche en tête, joue le déséquilibre dès les premières secondes lorsque ses pétales sont souillés par les notes sales du bois de oud. Si cette ambiance peut évoquer, inévitablement, un coup de désodorisant derrière lequel se cache une odeur peu élégante, la rose gagne heureusement en profondeur et en noirceur avec le temps, lui permettant de se mêler finalement sans trop d’encombres au oud sur le fond. Oud & Rose passe par une phase cosmétique, où le pétale frais, légèrement vert, se poudre d’une trace de lipstick, avant de terminer par des facettes de girofle et miellées de rose fanée (terme loin d’être péjoratif à mon sens) aux odeurs peu sages de replis de peau moite, qui plus est soutenues par les notes animales du oud et peut être d’une civette qui se cacherait par là.

Oud & Musc

"Hey, et si on faisait un Mûre et Musc au oud ?" semble s’être écriée Mathilde Laurent dans un éclair d’inspiration. En tous cas, quand on sent Oud & Musc, on perçoit bien, en filigrane, ce départ de muscs blancs fruités de fruits rouges, rafraîchit par quelques notes hespéridées et anisées, qui caractérise le grand classique de L’Artisan Parfumeur. Et c’est, ma foi, plutôt réussi.
Puis, petit à petit, on sent poindre une note boisée, cacaotée et ronronnante, servant à jouer l’animalité du musc et annonçant déjà le oud. On pourrait presque y voir une proximité avec le départ animalisé et chocolaté de l’extrait de parfum de La Panthère. Les fleurs en moins et la facette fromagère assagie.
S’affirmant dans un aspect plutôt sec et poudré, le bois de oud ronronne ici plus qu’il ne rugit ; mais il conserve ses aspects animaux, entre notes fécales et relents salés de fond de gorge.
Des trois, c’est la composition où le bois d’agar semble le mieux s’épanouir. Où il semble être le plus mis en avant.

En résumé, cette collection très calibrée n’a rien de surprenant, mais ne déçoit pas non plus par la qualité des ouds proposés. Pas de bois ambrés ni de recompositions de oud bien loins du naturel. Simplement un triptyque pour répondre à l’attente de la clientèle et où la parfumeuse maison aura fait de son mieux pour ne pas sacrifier la qualité et la crédibilité de la gamme exclusive Cartier, à défaut de ne pas succomber à la tendance.

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héspéridés

par héspéridés, le 1er décembre 2021 à 22:24

Bonsoir Jeanne, tout le monde.
je sais bien que le oud n’est pas un ingrédient très populaire sur ce site, je l’aime moi même assez rarement, mais je voulais votre avis sur la différence de qualité entre « oud ispahan » de Dior que j’ai parfois honte d’aimer, et ce oud et rose de cartier que je ne connais pas :) la version cartier est-elle plus belle à vos yeux ?

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par Petrichor, le 2 décembre 2021 à 01:26

Salut Hespéridés :)

Le mieux reste quand même de se faire son propre avis.
Essayez de demander un échantillon en boutique, ou, à défaut, d’en demander un auprès de passioné.e.s. Avec ces 3,5ml, si on ne finit pas la fiole, c’est qu’on n’a pas adhéré. Les actions parlent plus fort que les mots.

Or les oud de cette collection ne sentent pas très fort, à l’exception du dernier que j’aime, "oud & pink".
C’est probablement à cause du plafond autorisé de oud naturel dans un flacon (autour de 4%, je crois). Et la collection des heures voyageuses est encore plus coûteuse -345€- que les heures normales -270€-.
Pourtant, la densité de certaines heures normales les rapproche d’extrait (la VII défendue, la XII mystérieuse, la XIII treizième), ou certaines sont simplement des chef-d’oeuvre (IV fougueuse).

Oud & rose utilise plutôt de l’absolu rose, qui est plus abstrait et cristallin, donc on n’a ni le punch du oud ni celui de la rose.
On a un accord qui rappelle les combinaisons "rose & patchouli", c’est-à-dire un jeu avec le côté miellé et boisé. (Ça veut dire qu’on souvent une demi douzaine de parfum dans sa collection qui fait déjà le taf). Ces oud de cartier restent des parfums très policés, d’un luxe sans tapage, et un peu ennuyeux. (juste mon avis) (sauf "Oud & Pink") (oui le packaging fait envie)

Théoriquement, il y aurait plein de millésimes de Oud. Or j’ai l’impression de sentir le même dans tous les cartier, sauf le dernier qui est un peu plus fécal.
Celui de "Oud & Pink" ressemble à celui utilisé par Dusita dans "Oudh infini" (auquel je ne trouve pas d’intérêt alors que je m’attendais à un monstre comme je les aime).
J’en ai senti du vrai dans les attar d’Amouage, Homage (rose et oud à tonalité de daim de cuir et de santal, encens d’église), et Tribute (siège d’église en cuir qui aurait pourri, bois ciré, encens, feuille de tomate).

Et j’aime bien "oud rose" de Goutal, et "périlleusement votre" de Lutens, qui se rapproche de la recette que tout le monde fait, avec de la cardamone, et un oud qui pourrait tout aussi bien être une imitation.

Pour être original, je conseillerai plutôt d’essayer "L’eau parfumée eau thé noir" de Bulgari (l’EDC d’avantage que la version intense). C’est une rose - myrtille cuiré - oudé, avec un clin d’oeil aldéhydé au n°5. Il ne sent jamais la même chose, et l’effet "fumé" est très réussi.

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par héspéridés, le 8 décembre 2021 à 12:59

Pétrichor,
vous me parlez de oud rose de Goutal, c’est du vrai oud employé par Goutal ?
« Un oud qui pourrait tout aussi bien être une imitation » : c’est pour le lutens ou aussi le Goutal que vous dite ça ?

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par Jeanne Doré, le 2 décembre 2021 à 09:39

Bonjour hespéridés,
Ce n’est pas parce qu’il y a écrit "oud" sur un flacon qu’on doit le réprouver, il faut surtout sentir et ressentir ! Et ne jamais avoir honte d’aimer un parfum, il faut toujours écouter ce que l’on ressent sans jugement.
Le mot est hélas souvent associé à des clichés olfactifs pas très fameux (concours de bois ambrés...) conçus à la va vite et sans aucune idée derrière, mais cela ne signifie pas que les tout est mauvais, bien au contraire !
Je n’ai plus le Dior et le Rose & Oud en tête, mais je viens de re-sentir Pink & Oud et, comme Petrichor, je l’aime beaucoup, la rose est lumineuse et pulpeuse, et l’oud élégant, résineux et fumé.
Bonne journée,
Jeanne

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par héspéridés, le 2 décembre 2021 à 09:44

Bonjour,

je vous remercie à tous les deux !
Je n’ai senti que brièvement la collection Cartier. Il faut absolument que j’ose rentrer dans leur boutique pour faire le tour de ces créations.
J’irai aussi sentir la version de Goutal comme vous me l’indiquez Pétrichor.
D’instinct, le Dior me plaisait mais je connais peu les parfums avec oud et comme j’aime peu le reste de la gamme, je me suis dit qu’il existait peut être de plus belles versions que celle ci en terme d’accord oud-rose.

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par Belle du seigneur, le 9 avril 2015 à 23:57

Jicky si tu m’entends... Un petit avis sur l’Heure Perdue ? Allez, avant de te coucher et d’avoir encore une aventure avec un flacon inconnu...
(mais ce message vaut pour tous ceux qui l’on sentie, dont je ne suis pas)

La référence à Proust, alors que je viens de le relire, m’interpelle énormément...

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Nymphomaniac

par Nymphomaniac, le 17 octobre 2014 à 00:08

C’est du commerce raisonné. Quand l’émir amène son harem dans une boutique Cartier pour acheter un collier, le vendeur en profitera pour proposer ces senteurs ancestrales de l’orient imaginaire, et le mari achètera un flacon à chacune.

Ou alors il faut vendre sur place, comme le dernier Malle The Night , an exclusive fragrance at Bloomingdale’s Dubai, proposé à US $ 850,– (Dominique Ropion | oud – "built on an unprecedented proportion of oud from India" – Turkish Rose – Amber).

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Jicky

par Jicky, le 14 octobre 2014 à 13:17

Je suis complètement d’accord avec Patrice sur les descriptions de ces parfums. Ce sont de jolis ouds qui n’ont pas les problèmes habituels faisant assez peur quand il s’agit de les tester sur peau : pas de gros bois lourdauds ou de biquette criarde. Personnellement, je trouve que Oud & Musc est le plus intéressant en terme d’originalité, là où Oud & Oud (ce nom....) et Oud & Rose sont relativement convenus (c’est un peu moins vrai pour la rose), mais bon... Je trouve que cette collection manque clairement de signature et d’ambition. Ils arrivent 25 ans en retard, ils sont chers, ça sent l’opportunisme mal venu. Au delà de ce constat assez simple et sans finesse, au moins il n’y a pas d’ambiguïté ; cela n’empêche que j’aurais aimé un peu plus de grandeur et de volonté derrière ça. Non, on a juste trois parfums calibrés et efficaces, oubliables. Que la parfumeuse s’oublie derrière l’exercice, c’est bien (en cela, Déclaration L’Eau est tout simplement très intelligent), que ce soit fait sans réel enthousiasme, c’est déjà moins rigolo.

Vivement la prochaine réelle Heure.

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par Aryse, le 14 octobre 2014 à 14:37

ça sent l’opportunisme mal venu

Totalement de votre avis Jicky.L’ oud, désormais servi à toutes les sauces semble être devenu le parfait filon pour piéger les gogos. (surtout en voyant les prix pratiqués).

Et espérons en la beauté de la prochaine réelle heure.

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par Vesper, le 3 février 2015 à 21:01

Et qu’en est-il de cette Heure Perdue (rien que le nom me donne envie de débourser 258€) ?

L’évocation des molécules de synthèse et de la vanilline en particulier me fait par contre juste froid dans le dos.
Je suis curieux, mais alors curieux...

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Jeanne Doré

par Jeanne Doré, le 13 octobre 2014 à 20:51

Je n’ai pas encore senti ces Heures Voyageuses, mais j’en profite pour souhaiter la bienvenue à Patrice et le remercier de ce premier article (qui n’est en fait pas vraiment le premier si on compte ses contributions à la désormais culte "Saga Guerlain !) En espérant que ce ne soit pas le dernier :)

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par Poupoune1607, le 13 octobre 2014 à 21:28

Ha c’est pour ça je pensais que Patrice écrivait déjà sur Au Parfum ! Bienvenue à lui en tout cas ;)

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par Patrice, le 13 octobre 2014 à 21:52

Merci Jeanne.
En effet, j’avais déjà mis un pied dans la communelle de jasmin avec la saga Guerlain !
J’espère ne pas raconter trop de bêtises et que l’article plaira.

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Lanou

Lanou

a porté Les Heures Voyageuses le 27 février 2015

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