Le retour de Fantômas, des brassées de roses et des volutes de fumée : la revue de sortie parfums #8

Une matière première emblématique mise en valeur tant dans la formule que dans le nom du parfum : de nombreuses sorties de la rentrée font appel à cette recette éprouvée de la parfumerie de niche depuis les premières créations de l’Artisan parfumeur dans les années 1970, et qui fait aujourd’hui figure de valeur refuge.

Fidèles au positionnement qui a présidé à leur naissance en 1991, les Parfums de Rosine célèbrent la rose à travers deux nouvelles compositions signées Serge de Oliveira (Robertet) pensées « comme le yin et le yang » de la reine des fleurs. Rose par essence figure « l’interprétation idéale d’une essence de rose, l’apothéose de ce parfum dans sa fraîcheur verte et métallique » grâce à des notes de bergamote, citron, camomille bleue, rose essence de Turquie, Ambroxan, musc et santal, tandis que Rose absolument représente « un parfum d’absolue de rose idéalisée avec toutes ses caractéristiques de profondeur et de douceur sensuelle », l’absolue de rose de Turquie étant accompagnée d’élémi, géranium, osmanthus, miel, labdanum, patchouli et papyrus. Eaux de parfum 130 euros/50ml, 170 euros/100ml

Francis Kurkdjian, pour le compte de sa propre maison, se penche lui aussi sur la rose, qu’il avait déjà travaillée auparavant dans À la rose, Oud Silk mood ou Lumière noire notamment. Comme son nom l’indique, L’Homme à la rose réserve un traitement viril à la fleur, escortée de pamplemousse et d’un « accord boisé moderne ». Eau de parfum 105 euros/30ml, 175 euros/70 ml.

Après Irish Leather, African Leather ou encore Oriental Leather, Memo continue d’explorer la richesse des cuirs, mais cette fois en quittant la terre ferme. Inspiré par l’ambre gris, issu d’une concrétion de l’estomac du cachalot, Ocean Leather « part à la recherche d’un cétacé majestueux, animal mythique qui a inspiré la littérature et désormais l’imaginaire d’un parfum », avec des notes de mandarine, élémi, sauge sclarée, vétiver, cèdre et un accord cuir. La marque lance deux autres nouveautés cet automne : Sintra, du nom d’une ville voisine de Lisbonne, se veut « une réminiscence de l’enfance avec sa note guimauve apportée par l’absolue fleur d’oranger, le petitgrain, l’absolue vanille de Madagascar ». Quant à Odéon, malgré son nom très parisien, il colle de façon plutôt littérale aux codes de la parfumerie moyen-orientale, entre rose, datte confite, santal, patchouli et ambre. Eaux de parfum 205 euros/75ml

Parfums matières toujours avec Molinard, qui enrichit sa collection Eléments d’un Osmanthus qui appuie davantage les facettes fruitées de la fleur, évoquant l’abricot, que son aspect daim. La ligne Prestiges s’agrandit aussi avec Santal insolent, dans lequel « le bois précieux aux notes lactées se contraste de notes épicées poivre cardamome pour enfin s’étirer délicatement sur un fond ambré cuiré ». Les amateurs de Santal 33 du Labo pourraient bien l’apprécier. Eaux de parfum Osmanthus 62 euros/ 75ml, Santal insolent 119 euros/ 75ml

Juliette has a gun imagine de son côté un Musc invisible, enveloppé de jasmin et d’un accord fleur de coton, dans la lignée propre et rassurante du White Musk de The Body Shop, avec une petite touche de laque Elnett. « Aussi délicat et confortable que votre jean fétiche… aussi approprié au travail que pour un rendez-vous galant », vante la marque. Eau de parfum 110 euros/100ml, 85 euros/50ml, 25 euros/7,5ml

Noms très figuratifs toujours chez Perfumer H, la marque de Lyn Harris, déjà fondatrice de Miller Harris, mais c’est dans sa cuisine que la créatrice anglaise a trouvé l’inspiration. Pear (notre favori, avec ses facettes citronnées poudrées), Salt et Cucumber sont d’ailleurs proposés avec des produits d’épicerie assortis : un sel imaginé en collaboration avec le chef Olivier Roellinger, des pickles de cornichons aromatisés au zeste de citron et au genièvre, et un thé à la feuille de violette, aux notes douces et fruitées. Eau de parfum 350-400 £/100ml, 150-190 £/recharge 100ml, 110-140 £/50ml, sel 20 £, pickles 20 £, thé 30 £.

De son côté, Une Nuit nomade nous propose Nothing but sea and sky, un hommage à Montauk sous la neige inspiré d’un poème de Walt Whitman. « Le souffle du blizzard [qui] saupoudre la plage de flocons de neige » et « la mer agitée [qui] donne l’impression de faire éclore un grand champ de coton » sont traduits par une cologne musquée propre et confortable. Eau de parfum 145 euros/100ml, 95 euros/50ml, 39 euros/25ml.

Changement de décor chez Nasomatto : après le Joker chez Art de parfum, c’est un autre « méchant » de la pop culture qui a droit à son parfum dédié avec le lancement de Fantomas. Pour sa dernière création, le « nez fou » Alessandro Gualtieri s’est inspiré du « génie du crime » créé par Pierre Souvestre et Marcel Allain dans les années 1910, puis popularisé par les films d’André Hunebelle avec Louis de Funès et Jean Marais dans les années 1960. Présenté comme « l’odeur d’un crime sophistiqué », ou encore « un fragment persistant qui incarne l’esprit et le charme d’un plan parfaitement exécuté », le parfum développe des inflexions lactées, fruitées et boisées assez déconcertantes. Extrait de parfum 124 euros/30ml

Pierre Guillaume nous convie quant à lui à la rencontre d’un personnage moins inquiétant, un Animal mondain évoluant dans les années 1930, de Marlène Dietrich et Robert Mallet-Stevens. Associant « feuilles de poirier, absolue de tabac turc, bois d’acajou », la composition retranscrit l’atmosphère d’un fumoir fréquenté par les élégants, entre architecture moderniste et « volutes de tabac qui s’étirent doucement sur les fauteuils en cuir et le long des boiseries ». Eau de parfum 102 euros/50ml, 152 euros/100ml

C’est également un « manteau narcotique de fumée de tabac » qui enveloppe Tobacco Mandarin chez Byredo, mais dans la nuit tangéroise cette fois. Cette nouvelle addition à la collection Nights Veils signée Jérôme Epinette (Robertet), qui peut rappeler l’univers baumé et épicé des classiques de Serge Lutens, associe mandarine, cumin, cuir, labdanum et encens. Extrait de parfum 245 euros/50ml

Ambiance fumée enfin, mais dans une version plus primitive, avec la marque Neandertal, fondée en 2017 par l’artiste Kentaro Yamada « afin d’explorer les analogies entre les échos persistants de notre passé et ceux de la résonance olfactive ». Neandertal Us est dédié aux ingrédients « utilisés dans le monde entier tout au long de l’histoire pour les cérémonies, la cuisine et la parfumerie », avec une dominante de notes fumées habillées d’accents aromatiques (poivre rose, poivre noir, élémi, cypriol, bois de cade, oud). Quant à Neandertal them, il nous permet de conclure sur une note résolument positive, dépeignant « un avenir optimiste, plein de progrès technologiques, qui laisse entrevoir une amélioration de la vie humaine », grâce au néroli, à la graine de carotte, à l’iris, à l’ambrette, au varech et au styrax. Eaux de parfum 100 euros/30ml