Auparfum

Fruits d’été, rock 70’s et fjords glacés : la revue de sorties parfums #11

par Anne-Sophie Hojlo, le 28 juillet 2021

Parce qu’il y a de plus en plus de lancements, y compris dans les marques de niche, et que l’équipe d’Auparfum tient à vous informer de façon la plus complète possible, voici la revue de sorties, tour d’horizon des flacons qui sont arrivés sur nos bureaux ces dernières semaines.

Permettant d’allier gourmandise plus ou moins marquée et impression de naturalité, les notes fruitées restent une valeur sûre des sorties parfums estivales. Avec Pear Inc., Juliette Has a Gun nous plonge ainsi « au cœur d’une journée d’été ensoleillée, sous l’ombre d’un arbre, savourant une poire juteuse et rafraîchissante  ». Les facettes croquantes du fruit sont relevées d’un « twist boisé d’ambroxan », tandis que le fond musqué apporte « une douceur réconfortante ». Eau de parfum 85 euros/50 ml, 110 euros/100 ml.

Inspiration proche pour Patchouli Figue de Panouge, qui nous emmène « dans un jardin d’été, lorsque le soleil est au plus haut et le ciel bleu azur  » et met à l’honneur la figue, que l’on découvre très mûre, presque confite. Marie Schnirer, du laboratoire Maelstrom, y marie ses notes fruitées à de la rhubarbe, de la poire, du jasmin, du patchouli, de l’ambre, du cacao et du cèdre, créant un sillage baumé et boisé. La collection « Matières libres » comprend également Rose Agathe, une rose fraîche et métallique de la même parfumeuse, ainsi que le très solaire Datura Amaretti et le plus aromatique Absinthe Gaïac, tous deux créés par Patrice Revillard. Eaux de parfum 129 euros/100ml.

On retrouve la figue, emblème des « vergers méridionaux », dans Amoroso de Burdin, où elle est accompagnée de bergamote, de lavandin, de cèdre, de vétiver et d’épices pour une « escale méditerranéenne fraîche et aromatique ». Nathalie Feisthauer signe pour la parfumerie parisienne une collection de trois parfums masculins, qui compte aussi En garde, un boisé résineux, et Sans témoin, un tabac ambré miellé. Eaux de parfum 140 euros/100ml.

Pamplemousse, rhubarbe et mandarine associent leurs facettes fruitées et soufrées, sur fond de genièvre, poivre, vétiver et patchouli, pour évoquer « le premier plongeon dans la piscine par une chaude journée d’été » dans Paradiso de Pigmentarium. Fondée en 2018, la jeune marque de niche tchèque cherche à provoquer « une extase cérébrale » avec ses parfums - rien que ça. Erotikon séduira peut-être ceux qui apprécient les gourmands caramélisés, Murmur les adeptes des accords rose-patchouli-oud, et Ad libitum les amateurs de chyprés frais. Eaux de parfum 120 à 150 euros/50 ml.

BDK opte pour les fruits secs (mais aussi les bois secs, hélas) avec Velvet Tonka, dans lequel Alexandra Carlin utilise des notes amandées pour revisiter une « gourmandise orientale saupoudrée de sucre glace ». La composition marie l’amande à la fève tonka, à la fleur d’oranger, aux pétales de rose, à l’absolue tabac, à l’ambroxan, à l’amyris et à l’absolue de vanille. Eau de parfum 38 euros/10 ml, 170 euros/100 ml.

La corbeille de fruits s’enrichit de cerise avec Cherry Punk de Room 1015, marque qui tient son nom du Continental Hyatt Hotel de Los Angeles, repère des rockers des années 1970, appelé à l’époque « Riot House ». Jérôme Epinette traite le fruit façon bonbon Krema régressif contrastant avec des notes cuirées pour dépeindre une « violette insoumise dans son blouson en cuir tatouée de peinture ». Serge de Oliveira signe de son côté Sweet Leaf, une évocation très figurative de cannabis relevée de pamplemousse. Eaux de parfum 20 euros/10 ml, 120 euros/100 ml.

Ambiance musicale toujours, mais loin de l’époque hippie, chez L’Orchestre parfums. Pour Ambre Cello, Pierre-Constantin Guéros retranscrit « l’histoire d’un musicien nomade, virtuose de génie », dans les souks du vieux Dubaï, grâce à la bergamote, à la myrrhe, à la fève tonka, au benjoin et à la vanille. Comme le veut le concept de la marque, le parfum, aux accents puissants de bois ambrés, de tabac et de fruits confits, a inspiré un morceau composé par Javier Martínez Campos, et interprété par le violoncelliste .

​​Les bois ambrés sont également de la partie dans Falcon Leather de Matière première. Aurélien Guichard y rend hommage aux cuirs grassois en mettant au centre de la composition l’essence de goudron de bouleau, traditionnellement utilisée pour la tannage des peaux, et escortée de bergamote, ciste labdanum, benjoin, mousse, patchouli, safran et vanille. Eau de parfum 29 euros/6 ml, 190 euros/100 ml.

On change radicalement de décor avec Lys Sølaberg, de Maison Crivelli, qui illustre un lys s’épanouissant dans un fjord baigné du soleil de minuit. Pour nous convier à cette « promenade nocturne » boisée minérale, Nathalie Feisthauer a associé fleur de lys, coing, calamus, bois de gaïac, ambroxan, absolue de mousse de chêne, cèdre, absolue de copeaux de chêne torréfié, absolue de tabac et ciste labdanum. Eau de parfum 80 euros/30 ml, 180 euros/100 ml.

On reste dans une atmosphère glacée avec Le flocon de Johann K, une collaboration entre la designeuse olfactive Isabelle Larignon et le collectif Quatre Vingt Treize, qui organise des ventes éphémères à Paris dans le 11ème arrondissement. En écho à la méditation de l’astronome Johannes Kepler sur la géométrie des flocons de neige, la parfumeuse a imaginé leur odeur, avec pour mentor Bertrand Duchaufour. La composition, aqueuse, ozonique, voire métallique, révèle des nuances de mimosa givré et d’encens mentholé. Eau de parfum en édition limitée 30 euros/10 ml, 95 euros/50ml, sur demande : [email protected]

Fraîcheur toujours, avec le Blue Gin de Mizensir, qui nous promet « la rencontre entre une paire de jeans et un verre de gin », et nous offre un calembour en prime. Alberto Morillas joue sur le contraste entre le montant des épices fraîches (baies de genièvre, poivre du Sichuan, cardamome) et la texture légèrement râpeuse de la toile d’un jean fraîchement lavé, rendue palpable par l’irone et le cetalox. Eau de parfum 190 euros/100 ml.

Pour finir, l’ambiance se réchauffe nettement avec D’Orsay. Dans À cœur perdu L.B. , dont « chaque goutte est une réminiscence coupable », Fanny Bal dissimule « de discrètes notes érogènes d’ambroxan, mousse et cashmeran  » sous un néroli innocent aux accents de linge propre. Quant à Nous sommes amants M.D., créé par Bertrand Duchaufour, il marie bambou, poivre noir, baie de genièvre, palo santo, musc et ambre gris et nous promet «  une fragrance qu’on vit peau contre peau, pulsionnelle et irrationnelle ». Eaux de parfum 70 euros/30 ml, 95 euros/50 ml, 170 euros/90 ml.

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par gabichou, le 4 août 2021 à 09:06

J’ai testé la poire de Juliette has a gun et elle m’a assez déçue, je ne l’ai pas trouvée si croquante ni juteuse, un peu fade pour tout dire - une poire qui a clairement manqué de soleil. Et ce n’est pas le fond qui va rattraper l’affaire.

Par contre, j’ai Lys Solaberg de Crivelli : le lys y est discret, mais par contre, quelle belle composition autour du coing ! (ou plutôt : de la marmelade de coing). C’est une marmelade légèrement sucrée, sans excès, épicée aussi. Ca évolue vers quelque chose d’un peu fumé tout en restant assez doux, sans être franchement sucré. J’y sens aussi un petit effet "bois humide" (non salé), qui confère une ambiance très automnale à ce parfum. J’avoue qu’avec la météo actuelle, je le porte de temps en temps ...

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par Petrichor, le 4 août 2021 à 12:38

Intéressant. Comme effet poire, mes deux parfums préférés sont "Dolce vita" de Dior et "Petite chérie EDP" de Goutal.

La cité des anges, le goût de la poire.
https://www.youtube.com/watch?v=V6gRrfaOR9g#t=40

Les notes de tête de Dolce vita me rappelle parfois les poires mûres et parfumées. Car j’y trouve la sensation de grains de sucre vanillés et parfumés qui fondent, révélant une facette chaude de cannelle.
L’EDP de Petite chérie est plus parfumesque. Il s’agit de jouer sur les tonalités pomme -et donc la poire n’est pas loin-, de certains extraits de rose -notamment l’eau de rose-. La facette poire se cite là aussi au début du parfum, entre la fraîcheur du début, l’ascension de la rose, et son soutènement par une note de biscuit petit beurre. (Cette facette biscuit -ambrée- n’est pas si loin de Tocade ou Habit rouge). Et c’est intéressant de se dire qu’il faut l’ingrédient naturel de rose pour consolider cet effet de poire.

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par Farnesiano, le 5 août 2021 à 07:22

Bonjour. Toujours chez Goutal, on trouve une très jolie poire dans Rose Splendide. Le fruit apporte ici son côté à la fois croquant, juteux et rafraîchissant. Finalement, ce parfum porte assez mal son nom. "Exquise" eût mieux convenu que splendide.

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par poivre rose, le 17 août 2021 à 20:56

Bonjour, ma ’poire’ préférée est l’Eau d’aztèque, une petite merveille juteuse et musquée à souhait (mais bien trop fugace), de la maison IUNX, qui a fermé boutique hélas.. Le ’pomme-poire Flânerie dans le verger ’ de Jeanne en Provence, trouvé à tout petit prix en grande surface, est tout à fait exquis également et me rappelle beaucoup ’petite chérie’ .

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par Farnesiano, le 18 août 2021 à 20:09

Et pour ceux qui se la rappellent, la Poire-Cassis de Molinard était sympathique en diable ! Croquante, juteuse et acidulée comme il faut. La série des "Eaux gourmandes et originales" de la Fabrique Molinard n’aura résisté qu’une ou deux saisons. C’était il y a presque 20 ans.

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Pèlerin d'Argan

par Pèlerin d’Argan, le 29 juillet 2021 à 05:59

Etant dans une période lavande, Amoroso a retenu mon attention. Je jetterai bien un coup de nez à Falcon Leather également, même si c’est dommage que l’on passe de 6 ml à 100ml sans entre-deux.

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